Studios d’Afrique présente les photographies de studio prises par Adama Kouyaté entre 1954 et 1971.
Jamais publié, ce fond photographique embrasse deux décennies. Les années de rupture, du milieu des 50’s aux 60’s, où se redéfinissent les relations sociales et politiques, tant en Afrique qu’ailleurs, avec la libération des pays du joug colonial, mais aussi la période des indépendances jusqu’aux 70’s où s’annoncent la reconnaissance des libertés individuelles et l’affirmation de soi, marquée par l’apparition de mouvements revendicatif et radicaux : hippies, pacifistes... ou l’aboutissement des luttes des mouvements noirs aux USA.
Ces clichés, au-delà de leur portée historique, témoignent avant tout de l’art de la mise en scène dont était capable de faire preuve les photographes de studio africains. Ces photographies mettent en avant le talent d’Adama, son savoir faire, son imagination et son inventivité : avec peu de moyen il savait magnifier son sujet, donner une âme à son client, faire métier.
« Adama Kouyaté prend volontiers des libertés par rapport aux règles convenues de la photographie de studio. Au lieu d’avoir trois lampes pour une plus grande lumière, il se contente de deux lampes latérales et supprime la lampe d’ambiance. Il met en avant les ombres des sujets et des accessoires. Il explore les désirs et les envies d’élégance du sujet photographié. Même si ce dernier n’est pas un fumeur, il lui met une cigarette entre les doigts pour lui donner un air mondain. Il organise et esthétise les poses, crée une connivence passagère pour rendre la magie possible. Plus le photographe ose se libérer des canons « esthétiques » établis par ses confrères, plus il crée une image surprenante de son sujet. Et cette invention devient sa marque de fabrique que chaque client diffuse et commente. »