La Base Sous-Marine de Bordeaux Boulevard Alfred Daney 33300 Bordeaux France
L’oeuvre de Jean-michel Fauquet prend naissance dans l’espace intime de son appartement, des masses de cartons s’y enroulent et s’y déroulent comme une vague avant de se transformer en sculptures, en objets sans usages pratiques, en chrysalides géantes suspendues au plafond.Ses photographies naissent d’abord dans l’impulsion d’un trait sur des pages de carnets. « Le dessin est la genèse de tout mon travail, uneétape vitale, une nécessité absolue. Mes carnets, c’est l’espace de l’intime le plus profond. C’est la possibilité de ne pas couper avec l’atelier quand je sors le matin pour mon bureau ».
Jean–Michel Fauquet consacre de longs moments à cette phase préparatoire, la plupart de ces dessins sont indissociables de la construction d’objets fabriqués avec des cartons récupérés. À genoux dans l’atelier, il découpe, il façonne, il recouvre de papier kraft. Puis il les peint en noir pour transporter ces mondes minuscules aux limites du monde intelligible.
« Sa journée faite, Jean-michel parcourt les rues plus ou moins désertées où s’amoncellent les emballages, prélève des cartons, rentre, chargé de butin, sous son toit, s’arme de ciseaux, de colle, pour tirer de cet élément de fortune un double parodique du monde où il vit comme il peut après être dépouillé de l’univers de sa vie première, la seule qu’on ait. »
La photographie devient alors purement constat, enregistrement anthropométrique. Ces objets témoignent à travers une syntaxe sans usage ni fonction particulière, d’une archéologie, d’une mémoire dont on ignore l’origine.
« Ce sont des objets telluriques, des chaos, des amoncellements, en fait ce sont des scandales. Le scandale, étymologiquement, c’est ce qui barre notre chemin, or l’invoquer est une façon de le juguler. » Il y a dans les photographies de Fauquet quelque chose de déconcertant. Tout devient indécidable : est-ce de la photographie ? de la peinture ? Il y a dans la photographie de Fauquet quelque chose d’énigmatique, de mystérieux, des traces que nous ne pouvons voir, des chemins dans les bois que nous n’avons jamais suivis, des labyrinthes d’escaliers que nous n’avons jamais montés et pourtant nous connaissons la sensation de s’y trouver.
La puissance de ses photographies « tient à la capacité à dépasser la dichotomie entre absence et présence. Nous avons l’impression, en présence de ces images, que nous nous y trouvons, quelque part dans l’obscurité et nous savons avec certitude que nous sommes2 ».
Les photographies de Jean-Michel Fauquet ont une portée poétique quasi métaphysique et émotionnelle nous transportant dans une autre temporalité.