
Expositions du 15/10/2005 au 12/11/2005 Terminé
Galerie A Rebours 97, rue Vieille du Temple 75003 Paris France
Cette exposition présente deux regards sur Rome.
Le premier est celui d'un photographe français, Bertrand Lisbonis, qui a retenu de Rome le caractère intime et secret. Au-delà de la mise en scène habituelle, globalisante, atmosphérique, il entend découvrir une autre réalité, une autre dimension de cette ville, une nouvelle manière de la mettre en représentation.
C'est donc en photographiant, souvent à l'aube et à la chambre, les murs des palais et des humbles demeures, qu'il entend livrer non seulement les cicatrices d'une histoire compliquée, qui se déroule en strates superposées, mais également les humeurs des hommes et les fractures de l'histoire.
Son regard rejoint dès lors celui des Romains, qui vivent les détails de leur ville non comme les parcelles d'un tout mais bien comme une réalité en soi. Le fragment devient un univers, non pas celui bâti par l'histoire officielle, mais celle que Degas et Klee ont cherché à appréhender et qui, dans une perpétuelle reconstruction visuelle, ont bâti d'étranges et merveilleux quotidiens.
C'est par la déconstruction d'une scénographie urbaine que surgit une vérité authentique, qui ne peut s'exprimer en un premier temps que dans une indivisibilité absolue.
Le second regard est romain.
Cosetta Mastragostino est romaine et le revendique. Dans les photographies de Lisbonis, elle a reconnu ce spectacle urbain qui est en sorte la matrice de sa propre existence. Un spectacle qui dit ses limites mais qui est aussi un tremplin pour aller vers autre chose. Peut-être vers une vision plus universelle qui peut exprimer
ses propres contradictions, celles d'une femme engagée dans le combat de toute une génération.
Céramiste de formation, elle a rejoint le monde de la sculpture. Tentation devenue banale, mais que Cosetta
Mastragostino, contrairement à nombre de ses confrères, négocie avec bonheur. Son travail s'inscrit dans une vision à la fois formaliste et archéologique quasi dominante dans les années 1980. La modernité,
à cette époque, se craquelle et avec elle s'envole l'obligation de penser en termes de structure, de dénonciation de la matérialité de l'oeuvre d'art, ou de toute chose appartenant à ce monde honni, qu'est l'idéologie dominante. Le système des avant-garde se remet en question. Des signes nouveaux, et anciennement
impurs apparaissent. Le monde post-moderne s'empare des poussières du passé pour mieux dénoncer la fin de l'Histoire.
Dans l'oeuvre de Cosetta, tout cela se passe dans une complexité qui fait sa richesse. La tradition céramique laisse place à l'élaboration de figures aux contours imprévisibles, comme arrachés à un mur. Des matériaux divers se télescopent dans un formalisme qui tend à reconstruire une archéologie imaginaire.
Des formes anguleuses se mêlent à d'autres plus alanguies, chacune rappelant la spécificité d'un matériau. Un parcours sémiologique se dessine d'oeuvre en oeuvre. S'il permet une appréhension séduisante,
il laisse sourdre ce malaise esthétique qui naît d'un engagement politique fort, et les desiderata d'un temps nouveau, qui imposent de côtoyer des valeurs aux limites de la renonciation de soi.
Patrick Favardin
Voir aussi la fiche Cosetta Mastragostino :
http://www.actuphoto.com/page.php?page=affich_artistes&id_artiste=456
Ouverture tous les jours du lundi au samedi de 11h00 à 18h00.
© Bertrand Lisbonis
Galerie A Rebours 97, rue Vieille du Temple 75003 Paris France