Photographe
Bertrand Lisbonis considère la photographie comme un moyen d'investigation visuelle sur la lumière et la matière en rendant sensible et visible à l'oeil ce qu'il ne peut percevoir. L'usage de la lumière et de la composition qu'elle permet sont pour lui fondamentaux. Il entend renouer notamment
avec les expériences de Le Secq, Marville et Baldus et produire une image d'une grande sensibilité, où le temps semble suspendu. Bertrand Lisbonis s'inscrit donc dans une tradition qui, selon lui, reste avortée, celle des pictorialistes. L'artiste prend toutefois ses distance quant à ces derniers qui veulent faire de la photographie un tableau et prônent une écriture spécifique qui toutefois entend bénéficier de la gamme étonnante de nuances que le tirage pigmentaire permet.
Il entend renouer avec le sujet de prédilection de ses maîtres, l'architecture, mais ces images austères et d'un abord initial difficile ne doivent pas cacher une réelle maîtrise émotionnelle du sujet.
Depuis une dizaine d'années, Bertrand Lisbonis travaille presque exclusivement à la chambre et utilise le tirage au charbon Fresson, dont les spécialistes connaissent les possibilités merveilleuses.
Tout cela pourrait rester à un stade expérimental, un peu maniaque, s'il ne permettait à une réelle sensibilité de s'exprimer. De cette alliance est née une oeuvre attachante, qui en ne recourant jamais à l'art de l'effet permet au spectateur d'initier sa sensibilité à des mondes subtils que l'on ne peut atteindre que d'une manière volontariste. Bertrand Lisbonis fait partie de ces photographes pour qui l'image n'est pas le lieu d'inscription d'une vaste confusion visuelle mais un lieu secret, un lieu intime où se disent à mi-voix des propos d'un humanisme déconcertant et profondément cultivé.