À travers ces photos, issues de voyages en solitaire dans les montagnes du Piémont occitan, Jean Gaumy nous livre sa vision du paysage avec pour mot d’ordre : « Ne photographier que lorsque cela brûle. Ne pas bouger, se refuser tant qu’il n’y a aucune évidence, aucune nécessité.» Ce travail est le fruit de semaines passées par Jean Gaumy en solitaire à travers les hautes vallées entre la France et l’Italie, en seule compagnie de son objectif.
Un travail à la fois dense et raréfié sur le paysage de montagne, une perception constante du devenir d’un territoire de frontière, la course du temps encore emprunt de rythmes archaïques.
Un parcours à travers une reconstruction faite de détails, de mouvements et d’expressions qui présentent une réflexion sur les nostalgies personnelles et collectives, sur les fantasmes d’une nature que lentement l’homme modifie, sur la beauté du paysage non pas de grands espaces mais plutôt d’équilibres délicats. Il s’agit d’une quarantaine de photo noir et blanc, à la fois graphiques, parfois à la limite de l’abstraction, mais aussi extrêmement intimes.
Les photographies présentées font partie d’un travail commencé en 2003. Elles constituent un prologue à un projet de recognition photographique qui a amené l’artiste à voyager du cercle Arctique aux terres contaminées de Tchernobyl, avec de fréquents retours dans les hautes vallées du Piémont. Elles sont pour l’auteur le point de référence d’un désir de genèse dans laquelle l’espèce humaine est volontairement absente.
Jean Gaumy À ses débuts, Jean Gaumy écrit et photographie pour un journal de Rouen tout en poursuivant des études de littérature.
En 1973, il rejoint l’agence Gamma, puis, quatre ans plus tard, Magnum photos. En 1975, il obtient la permission d’enquêter sur le quotidien des médecins et patients dans un hôpital.
En 1976, il est le premier photojournaliste autorisé à pénétrer dans une prison française. De cette investigation naît un livre ; Les Incarcérés, paru en 1983. Dans les années 1980, Jean Gaumy fait de nombreux reportages en Afrique, en Amérique centrale et au Moyen-Orient. De 1986 à 1994, il se rend fréquemment en Iran. Sa photographie de femmes iraniennes s’exerçant à tirer durant la guerre Iran-Irak lui vaut la célébrité.