Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
La galerie Esther Woerdehof est heureuse d’ouvrir la saison avec les travaux de Ursula Kraft : Nymphalis antiopa (2007/2008) et Traum-a (2004/2007).
Les deux séries sont marquées par une ambiance mystérieuse, entre le rêve et l’hypnose, entre le beau et l’effrayant.
Dans Nymphalis antiopa, une figure enfantine à la peu diaphane est recouverte par des papillons pendant que l’enfant semble endormi. Tout ici est symbolique : le corps androgyne représente le passage entre les différentes phases de la vie et le papillon, comme il a été depuis l’Antiquité, symbolise l’âme. « En pleine mutation – écrit Estelle Pagès – en pleine métamorphose, entre l’enfance et la femme, entre la petite fille et le jeune garçon, le corps fait figure d’indétermination qui préside au devenir et à la destinée de l’être. Abandonnée, laissée, étendue, apaisée, elle est peut-être à tout jamais endormie. Elle est “ entre ”, à la lisière d’un état de conscience et d’inconscience, de lucidité et de rêverie, tournée vers l’intérieur.
Figés dans leur mouvement, les papillons sont plus que jamais des créatures dont on peut observer les moindres détails de leur robe, de leur attitude et de leur position si incongrue sur le visage : la peau est diaphane et son teint cristallin ravive d’autant plus les couleurs subtiles, délicates et quasi factices des papillons.
Ces images ne sont pas uniquement la trace inscrite d’un moment, d’une suspension, elles affirment une présence et une beauté iconique, comme s’il s’était produit quelque chose de supra naturel ; la rencontre de la fragilité, l’union des souffles… » L’introspection et la coexistence de présence physique et d’absence mentale se reproduisent dans la série Traum-a. Angelika Beckmann décrit le titre de l’oeuvre, qui « joue sur les notions de rêve (Traum), d’espace (Raum) et de traumatisme (Trauma).
Chaque dérivation du mot implique la proximité de l’expérience onirique individuelle et psychique, la présence spatiale de l’homme et ses situations traumatiques pesantes : il y a là une interrelation entre la vie intérieure et extérieure. L’être humain se meut selon un axe espace-temps ; il perçoit l’extérieur et réagit par des images intérieures.
C’est ici qu’intervient l’ère médiatique. Les expériences personnelles se vivent sur fond de mythes collectifs et aussi de traumatismes. » L’exposition sera complétée par une édition de la série Emerentia (2008), qui questionne encore la dimension du rêve, de la métamorphose, du mythe et du passage de l’enfance à l’age adulte. L’artiste se sert des paysages et de la symbolique des contes de fées pour représenter un paysage intérieur. En accord avec l’interprétation de C. G. Jung, qui voit dans le conte de fées l’expression d’un procès psychologique d’un inconscient collectif, Ursula Kraft cherche à représenter en images une dimension introspective, un reflet de l’âme.