Elle est française, lui allemand, et ils travaillent ensemble à Paris depuis 2005. Ils se sont fait connaître par une première série, "Earth Vision", montrant des vues nocturnes d'environnements urbains dont la lumière artificielle modifie la perception. C'est peu dire que l'on plonge, au propre et au figuré, dans leur nouvelle série, "Scenes of Life", qui met en scène différentes personnes chez elles, vaquant à autant d'activités familières. Ce qui frappe avant tout, c'est le point de vue adopté : toutes les prises de vue sont opérées à la verticale de la scène choisie. La première impression qui s'en dégage, c'est que ces images, plus que toutes autres, semblent être prises à l'insu des personnages qui en sont les protagonistes. La délicatesse des mises en scène, un certain abandon des personnages, la spontanéité des attitudes, la banalité des activités renforcent cette impression d'intrusion visuelle, comme si l'on s'était trompé de porte pour se retrouver chez le voisin. Le basculement de la perspective, l'absence de profondeur de champ, la mise à plat de la frontalité déstabilisent l'oeil et, paradoxalement, nous invitent à regarder les "vertiges du quotidien" sous un tout autre angle.