CAP de Saint-Fons Place des Palabres 69195 Saint Fons France
Par sa double formation — école des Beaux-Arts et école du Paysage de Versailles — l’attention de Didier Courbot se porte régulièrement sur l’espace urbain, considéré dans sa dimension paysagère. Qu’il conçoive une nouvelle place publique dans un quartier en rénovation (Parmelan Scenario à Annecy) ou réalise de simples notes photographiques, ses interventions relèvent de gestes poétiques, dont l’humilité est aux antipodes de la sculpture monumentale traditionnelle. Comme le suggère l’omniprésence dans son travail de tout ce qui balise la ville (bordures de trottoirs, rambardes, barrières, bancs, etc.), l’artiste se fait volontiers l’arpenteur de nos parcours ordinaires. Les actions éphémères des needs — réparation d’une latte de banc public, installation d’un nichoir sur un lampadaire ou rajout d’un passage piétons —, tout comme le relevé photographique de tous les bancs publics improvisés et bricolés réunis dans Pocket Parks (notes), révèlent un regard attentif à la pratique, aux manques et aux besoins les plus quotidiens de l’espace public, ceux de tous et de tous les jours. Son travail réintègre initiative et gestes individuels là où prévaut la décision collective ou politique. En effet, si la discrétion de ces interventions frise parfois l’anonymat, elle ne les empêche nullement de transgresser ironiquement les règlementations de l’urbanisme.
Quand sculpture il y a, il en transpose les principes fondamentaux dans des réalisations paradoxales : s’il utilise un matériau, ce sera des diamants qu’il abandonnera ensuite secrètement dans la Tokachi Millemium Forest sur l’Île d’Hokkaido (Seven Diamonds, 2008). Seule une plaque de granit gravée signalera l’oeuvre dont la préciosité et le mystère, mais également l’invisibilité, visent surtout à concentrer l’attention du visiteur sur un paysage grandiose. Qu’ils agissent dans le paysage naturel ou urbain, dans un environnement familier ou extraordinaire, les travaux de Didier Courbot encouragent une dérive physique et imaginaire.
Le CAP sollicite Didier Courbot pour une exposition dans ses nouveaux locaux, mais aussi pour une suite d’interventions éphémères réalisées dans des jardins privés de la ville. A partir d’une réflexion sur le paysage et l’ornement, une relation d’inversion s’établit entre les deux écrins que deviennent l’espace d’exposition et celui du jardin, tous deux pourtant reliés par une même incitation à la station ou à la flânerie. Fidèle à ses principes d’intervention contextuels, l’artiste nous révèle avant tout des modes d’occupation de l’espace.