Galerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
« La première et dernière frontière est celle avec soi-même, c’est l’instant où la pensée dépasse le périmètre de la personne et s’apprête à accueillir le monde: ma respiration, mon regard.
Le mot latin cum-finis (confins), oxymore d’une limite partagée, évoque deux concepts proches et opposés. En réfléchissant au thème de ce travail sur les frontières du nord de l’Italie, j’ai imaginé d’en visualiser les sommets, une couronne de glace griffée par le vent qui sépare les régions étendues à ses pieds.
Dans l’idée de frontière, il y a une dimension horizontale que l’on peut franchir d’un coup d’oeil, et c’est mon incipit : trouver le moyen de monter suffisamment haut pour contempler, comme quand on observe une carte géographique, l’extension d’un territoire qui, dans sa totalité, dépasse toute acception d’appartenance. Une fois là, en haut sous la voûte du ciel, il y a le désir de traverser la mesure de l’espace en dessous, la dimension verticale de la frontière. Descendre, s’immerger dans le silence des glaciers, sentir sous ses doigts l’âpre concrétion des roches, entendre le grondement des torrents dans les ravins, l’écho de ses pas au fond des gorges creusées dans la pierre, où s’exhale l’humidité des mousses, et, depuis la terre, regarder le ciel renversé, à nouveau lointain et haut, caché par les branches et les feuilles au-delà de la cime des sapins séculaires.
Bien que ce travail s’articule le long de la morphologie découpée d’une limite naturelle et que le scénario en question soit le grand théâtre de l’histoire, mon étude n’entend pas accomplir une reconstruction historico géographique. Il s’agit de percées au travers d’un territoire qui, situé aux confins de l’Italie, est aussi, dans ma perception, ce terrain vague entre l’imaginaire et ma mémoire. Un paysage unique et privé, celui qui appartient comme les doigts d’une main à chacun d’entre nous.
Destin d’une seule personne ou l’histoire de plusieurs, c’est le paysage qui correspond pour chacun à un seul point dans le monde. »
Giorgia Fiorio