Galerie Serge Aboukrat 7, place Furstemberg 75006 Paris France
Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Dès la fin des années 1960, Mac Adams renouvelle la photographie « narrative » avec la série de photographies en noir et blanc intitulée Mysteries représentant des scènes de crimes, dont les indices laissés par l’artiste peuvent être interprétés de façon contradictoire par les spectateurs. C’est en effet moins la lecture linéaire d’une enquête policière qui intéresse Mac Adams qu’une histoire ouverte générant différentes interprétations possibles.
Dans la série de photographies couleur Postmodern Tragedies (1986 – 1989), Mac Adams fait apparaître des images d’agressions violentes dans le reflet d’objets chromés au design clinquant. Pour l’artiste, « ces oeuvres constituaient en partie une réponse à ce que j’avais vu arriver au Royaume-Uni et aux USA à l’époque des politiques économiques de Reagan et Thatcher. Je ne suis pas un photographe documentaire, mais je voulais voir si j’étais capable de construire une situation susceptible de refléter les conditions politiques et les contradictions de l’époque. C’était également
une réponse au discours postmoderne des années 1980, interprété comme une disjonction entre les notions traditionnelles de formes en harmonie avec le contenu. J’ai repris cette idée de combiner des contradictions visuelles, et j’ai commencé à créer ces collisions hybrides entre tragédies sociales et ustensiles de designers. Les objets chromés reflétés étaient photographiés sur une surface de papier homogène, comme des publicités utopistes conventionnelles impliquant un espace neutre n’existant que dans le désir de posséder ressenti par les spectateurs. On voit cependant, reflétées sur ces surfaces, des situations violentes, dérangeantes, des interrogations, des fusillades, etc.. Des situations en complète contradiction avec les formes des revêtements métalliques parfaits. »
Le reflet et l’ombre, qui sont parties prenantes des mythes originels de l’image, sont utilisés dans les photographies de Mac Adams pour produire une mise en abîme de la représentation. L’ombre suscite ainsi l’image dans la série des Empty Spaces (1996) comme dans celles des Islands (2000), offrant simultanément à la vision une figure et le dispositif qui en est à l’origine. Civil War de la série Islands se révèle par exemple être le résultat de l’ombre portée d’une curieuse nature morte assemblant deux paniers contenant du riz, du pain, une grappe de raisin mais également des oeufs et une bouteille de vin posés sur une table en verre dessinant sur le sol les profils de deux soldats casqués.
Dans ces différentes séries comme dans l’ensemble de son travail, Mac Adams affirme l’artificialité de la représentation : ses photographies ne portent à leur surface que le reflet du monde, et le spectateur n’en perçoit que la doublure. Il met ainsi en évidence la façon dont le sens peut être altéré et contrôlé dans la construction des images. Ce qui paraît évident dans la représentation d’une certaine réalité n’est jamais la réalité ellemême. Ses oeuvres forment une sorte de « narration suspendue », quelque part entre les structures narratives d’Agatha Christie et la rigueur formelle des sculptures d’Anthony Caro.