Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Galerie des Arts Derniers 28 rue St-Gilles Mº Chemin vert ou St-Paul 75003 Paris France
La photographie est apparue en Afrique dès le milieu du xıxe siècle et pourtant sa reconnaissance en tant qu’art est un phénomène récent. Dans les années 1950, l’apparition du studio photo établit un lien très solennel entre le photographe et son modèle. La photographie africaine étant avant tout à destination d’un marché local et non d’un regard extérieur, sa particularité est qu’elle révèle avant tout les aspirations du sujet.
Elle a peu à peu intégré la recherche de l’esthétisme grâce au travail d’artistes tels que Malick Sidibé, Jurgen Schadeberg ou Depara et elle se décline aujourd’hui sur un registre résolument contemporain.
D’emblée, ces photographies de studio frappent par la solennité des poses et par le respect mutuel entre le photographe et son modèle. Cette relation s’explique par deux particularités récurrentes chez nombre de photographes africains :
– en Afrique, le photographe de studio est un professionnel respecté, au statut social élevé. Il est le gardien de la mémoire visuelle d’une communauté, le garant à la fois de l’identité de l’individu, et de l’évolution de la société urbaine.
– la confrontation rituelle et codifiée entre l’homme et le medium.
Le photographe est choisi pour ses qualités de médiateur, d’interprète social, d’intercesseur qui en font plus qu’un habile technicien, un fabricant d’icônes. Malick Sidibé ou Seidou Keita, par exemple, conseillent leurs modèles sur la tenue, le décor, la pose, et discutent longuement avant de prendre le cliché. Leurs chroniques sont celles d’un présent universel : ce sont souvent des visages “masques” qui seront transmis aux générations futures.
Ici, pas de spontaneïté, mais le rituel de la pose. À travers cette série de photos en noir et blanc, nous souhaitons mettre en lumière ces photographes passés en quelques années du studio au musée d’art contemporain.