Académie des Beaux-Arts 23, Quai de Conti 75006 Paris France
Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Thibaut Cuisset se consacre depuis plus de 20 ans aux problématiques liées au paysage, à l’environnement et à la notion de territoire. Son travail photographique s’est déployé à travers le monde : Maroc, Venezuela, Australie, Italie, Andalousie, Suisse, Japon, Namibie, Islande, Russie,Syrie, Bretagne, Pays de Loire, Normandie… ont ainsi été visités. Comme le décrit
Jean-Christophe Bailly dans son texte « L’étendue de l’instant, le Japon selon Thibaut Cuisset » : À chaque campagne photographique, un pays différent fait l’objet de la série. Dans ces campagnes généralement assez longues où le repérage se dilue peu à peu dans la prise, aucune place n’est laissée à l’improvisation ou à l’accidentel et d’autant moins que Thibaut Cuisset se situe avec elles aux antipodes du reportage : « un pays n’est pas le terrain d’une actualité qu’il faudrait couvrir, ni celui d’un réseau d’indices qu’il faudrait capter, mais un ensemble de paysages où le type se révèle lentement, à travers des scènes fixes qui sont comme autant de cachettes. »
Son travail consiste en une véritable expérience d’imprégnation organisée autour de l’observation d’une région ou d’un pays, en prenant le temps de capter « l’esprit des lieux » dans ce qu’il a de moins claironnant et en sondant le paysage dans ses plis les plus profonds. Comme l’exprime Thibaut Cuisset : « En articulant le plus précisément possible un sujet, une lumière et des couleurs, c’est par un travail d’élimination et d’épure, que je cherche à représenter de façon discrète mais puissante l’essence du paysage où ni l’anecdote, ni l’exotisme, le pittoresque ou le pathos n’ont leur place. ». S’appuyant sur des couleurs douces et retenues, l’artiste montre que le territoire n’a rien de figé mais qu’il est le résultat de l’histoire et d’interventions multiples. Et si d’un pays à l’autre et, par conséquent, d’une série à une autre, des équivalences se remarquent et peut être même une typologie des lieux s’ébauche, il reste que chaque série, évidemment portée par la constance d’un même regard, émet une sonorité ou une tonalité particulière.
À l’heure d’une consommation accélérée du paysage que l’on perçoit avec l’exotisme ou la catastrophe comme argument, c’est dans son propre terreau que, plus tranquillement, Thibaut Cuisset cherche à creuser. Dans ses derniers travaux réalisés en 2010, récompensés par le Prix de Photographie de l’Académie des Beaux-Arts, il tente ainsi d’affirmer la singularité de la campagne française par un regard dénué de patriotisme ou de nostalgie, en choisissant d’observer plutôt des contrées peu étudiées. Une vision s’impose doucement avec une simplicité pourtant pas si éloignée de la grandeur des paysages de sa série Le Dehors Absolu sur l’Islande ou la Namibie. En effet, ses images étonnent, par leur beauté bien sûr, mais également par la vie qui les habite et qui participe à cette grande diversité du paysage français.
Tous ces paysages sont le fruit d’un façonnement perpétuel, que l’artiste tente de citer, d’authentifier comme un pur effet du temps en traitant le plus justement possible leurs équilibres et leurs bouleversements. La Mep prête une oeuvre issue de sa collection et choisie en regard de l'exposition.