A 46 ans, Paolo Pellegrin, photogrpahe italien membre de l'agence Magnum, est sans conteste l'une des grandes figures du photojournalisme contemporain. Depuis 1995, sa carrière est jaloonée d'innombrables récompenses et distinctions internationales, comme si la force et l'intelligence de son travail s'imposaient au fil du temps comme une oeuvre universelle et cohérente plutôt que comme une suite brillante de reportages planètaires percutants.
Il faut ici comprendre que Paolo Pellegrin incarne avec quelques-uns de ses confrères (Stanley Greene, Philip Blenkinsop, Alex Majoli) une nouvelle génération de photoreporters qui, conscients de la démultiplication des nouveaux modes de production et de diffusion de l'image d'actualité, s'attachent à renouveler la problèmatique de la vision des évènements qu'ils documentent dans un souci éthique constant de la forme et du fond.
Parcourir les guerres, les conflits, les territoires de pauvreté et de douleur du Cambodge à l'Ouganda ou du Moyen-Orient au Kosovo, en veillant à photographier (essentiellement en noir et blanc) des faits, des situations, des visages saisis dans leurs spécificités et leurs singularités semble une préoccupation constante de Pellegrin. Il ne s'agit pas pour lui de fondre dans une vision indifférenciée, récurrente et parfois inutilement spectaculaire l'inépuisable iconogrpahie de la souffrance humaine : "Quand je travaille, que je suis exposqé à la souffrance des autres, à leurs pertes, parfois à leurs morts, j'ai le sentimentde servir de témoin.
Je sens que mon rôle ( ma responsabilité) est de créer une archive de notre mémoire collective" précise-t-il dans sa préface à l'ouvrage Alors que je mourrais (Prix 2007 européen du livre de photographie, Actes Sud).
Cette fonction mémorielle qu'il assigne à sa photographie implique un permanent et attentif effort de contextualisation de l'image proposée. Chacun de ses reportages, y compris les plus difficiles ou dangereux à réaliser, s'appuie sur une enquête, une documentation qui vise à ce que nul n'ignore ce qui existe au-delà et en deçà de la photographie proposée et, parfois même, explicite les conditions de la prise de vue.
Paolo Pellegrin, qui a reçu en 2007 le prestigieux Robert Capa Gold Metal Award, est l'héritier des grands noms du photoreportage, tels W.Eugene Smith ou Don McCullin, dont il a intégré les enseignements et les principes humanistes pour les faire entrer, sous une forme nouvelle, dans le langage du XXI ème siècle.