Galerie du Centre atlantique de la Photographie – le Quartz Square Beethoven, 60, rue du Château 29 211 Brest France
Marion Poussier – « un été »
Marion Poussier, 29 ans, est photographe indépendante. Elle collabore avec la presse et développe en parallèle un travail personnel qui reflète sa sensibilité mais aussi ses interrogations. Prétexte pour aller à la rencontre des autres, les photographies de Marion Poussier nous parlent de nous, de nos enfants, de nos voisins. Son reportage "Ils Habit(ai)ent au 61, rue d'Avron" - portrait d'un immeuble et de ses habitants - plusieurs fois exposé - a fait l’objet d’un livre publié aux éditions Filigranes. Sa série de photographies sur l’adolescence a reçu le prix Lucien Hervé et a été exposé lors des Rencontres Internationales de la Photographie 2006 sous le parainage de Raymond Depardon. Intitulée (un été), cette série a également été présentée à la Galerie du Jour Agnès b. et a rejoint récemment la collection de la Fondation Cartier pour l’art contemporain ainsi que le Fond National d’Art Contemporain. Aujourd’hui elle mène un projet sur la jeunesse du moyen orient (Iran, Liban, Israël).
« Cette série est née du souvenir des quelques étés que j’ai passés en colonie de vacances étant adolescente. J’ai toujours eu pendant ces vacances le sentiment de vivre des moments forts, rares et
précieux. La colonie était une sorte de parenthèse dans le reste de ma vie. Personne ne me connaissait, je pouvais alors « jouer le rôle » que je voulais. J’avais le sentiment d’être coupée du reste du monde pendant deux ou trois semaines. Le temps, suspendu, et l’espace, clos, prenaient une autre dimension. Chaque jour comptait. Les premiers surtout. Ceux où l’on cherche celles et ceux qui nous ressemblent où à qui on aimerait ressembler. Ceux où l’on se fie en premier lieu à l’apparence pour nouer des amitiés
nouvelles. La question du « paraître » et de la « représentation », inhérente à l’adolescence est au coeur de ce travail. Mais si ces images nous montrent le côté théâtral des attitudes des adolescents c’est aussi leur propre personnalité qui transparaît, fragile et vulnérable. » - Marion Poussier
Série de 20 photographies réalisées entre 2003 et 2005 dans trois centres de vacances différents à Morlaix, Fouesnant et Avignon. Aucune des situations photographiées n’est mise en scène.
Photographie Marion Poussier © extraite de la série "un été"
Stéphanie Lacombe – « la table de l’ordinaire »
Photographe auteur indépendante de 33 ans, elle a obtenu le diplôme de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2001. En septembre 2009, elle intègre le collectif de photographes MYOP.
« Ma réflexion personnelle repose sur l’intimité dans son espace de vie privée. Mes documentaires photographiques sont réalisés en France. Durant 3 années, je suis allée de ville en ville, d’assiette en assiette, photographier une centaine de familles pour mon projet La table de l’ordinaire qui obtiendra le Prix Nièpce en Mai 2009. En 2007, Raymond Depardon remarque le projet et me parraine pour Les sentiers de l’Olympe. En 2001, répondant à une commande de la Caisse des Dépôts, j’observais que les 3500 appartements de la cité HLM de la Grande Borne à Grigny, étaient conçus strictement à l’identique. Je m’interrogeais sur la manière dont les habitants s’étaient approprié les lieux ; comment une identité pouvait
s’affirmer dans un environnement où l’architecture était clonée ? Ainsi, les clichés, pris du même endroit dans chacun des salons, soulignaient l’entassement dans les barres HLM. En 2002, poussée par l’influence du porno-chic dans les médias et l’indignation des féministes, je m’intéressais cette fois à l’intimité sexuelle dans le sado-masochisme. J’ai suivi cinq femmes dans leur intimité la plus absolue, et observé là, à ma plus grande surprise, beaucoup de tendresse et de poésie. Dans l’ensemble de mes projets, je définis un concept, un protocole, un mode de prise de vues qui va
rendre compte au mieux de mes observations sur le terrain : la table devient le centre de l’image pour La table de l’ordinaire, point de vue identique pour les appartements de la cité de la Grande Borne, aucun visage pour laisser les corps raconter la sensualité des femmes dans Papillon rouge, pour la revue XXI sur les Français et la lecture, seuls les yeux et le livre sont nets dans l’image. » - Stéphanie Lacombe
La table de l’ordinaire
« Qui sont mes voisins, que font-ils, quelle est leur vie, sont-ils heureux ou pas, d’où viennent-ils ? », ces questions me reviennent sans cesse. Cette curiosité exacerbée justifie naturellement ma démarche photographique. Je ne pars pas à l’étranger réaliser mes documentaires : je regarde là, juste là ! autour de moi. Je m’invite chez les habitants et j’observe la vie souvent simple, noyée dans ses habitudes et son quotidien. Par exemple, quoi de plus banal qu’un repas pris chez soi le soir, à la même heure, même table, même assiette ? Le repas est un acte rempli de symboles, de rituels et de coutumes. Dans notre société labellisée et standardisée, comment se distingue-t-on les uns des autres ? Dans cette série de photographies, la table est le punctum de l’image ; l’objet devient scène. C’est le lieu de la maison où se joue le théâtre de l’ordinaire.
Photographie Stéphanie Lacombe© extraite de la série "la table de l'ordinaire"