Hypnagogies est une série marquante par sa chromatique inhabituelle (ton bleuté brun, profond et nocturne de la radiographie) et par la dissolution de la matière photographiée.
Le surgissement de formes indécises, non référentielles, rapproche cette série des photogrammes (Fox Talbot) ou des rayogrammes (Man Ray) du début du XXe ou bien des expériences visuelles lumineuses de Moholy-Nagi. On peut encore penser à Raymond Hains (série hypnagogique des années 50), mais aussi à la tentation d’une photographie pure (Weston) et plus globalement à la tentation abstraite lyrique qui traverse tout l’art du XXe siècle.
La série se distingue de la production contemporaine dominée par la chronique intime, le réalisme froid ou critique, l’imaginaire post-human et le retour documentaire ou la fictiondocumentaire. Hypnagogies rappelle par ailleurs à quel point la photographie est peut-être bien l’image montrée dans son papier borné et sa surface plane mais qu’elle est aussi le récit sous-jacent de l’expérience dont elle procède et du temps/geste de sa capture.