La Petite Poule Noire 25 rue Beautreillis 75004 Paris France
«La photographie et le roman ne sont pas là pour servir le monde, mais pour le trouer et le surprendre.» Laurent Gaudé
Dans une ville dévastée où l’ordre et la lumière semblent s’abolir, des êtres fantomatiques vaquent à d’incertaines activités dans des décors de fin du monde. Un homme - peut-être un survivant encore doué de raison - parcourt solitairement des espaces urbains dépeuplés, s’interrogeant sur la disparition et l’abandon apparent de tout et de tous. C’est cette histoire que raconte Oan Kim à travers une série de photographies où l’on retrouve sa sensibilité particulière, où la recherche formelle et plastique va de pair avec un questionnement intime du réel. Ses images, ténues, presque taiseuses, saisissent la fragilité de l’instant. Par un jeu d’ombre, elles révèlent des compositions précaires et accidentelles du quotidien, elles pointent du doigt d’infimes détails et révèlent des presque rien, des rebus comme des joyaux oubliés.
Ici, le grand absent, c’est l’être humain. Mais il est comme appelé par son absence. Et cette ville dévastée, ces hommes oubliés, ces désastres immobiles nous renvoient à notre statut de passant face à la violence muette de notre société.
Les images de Kim ont une densité sourde. Il n’y a pas de blanc mais du gris et des noirs profonds. Sa prédilection affichée pour le brouillard, la pénombre ou l’éblouissement installe un univers particulier, aussi proche de l’auteur que du réel dans lequel il a puisé sa matière. Rien de spectaculaire là-dedans, simplement un effort réitéré pour révéler le sentiment d’inquiétante étrangeté tapie dans les recoins ordinaires. Sa perception du monde élimine les fioritures. Son errance est celle d’un somnambule voyant. C’est le regard d’un auteur.
L’exposition comprend 40 photos (35 de 40x65cm et 5 de 80x140cm)
Elle a été exposée au Capitol dans le cadre des Rencontres Photographiques d’Arles en
juillet-août 2009.