...au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs... et, dans le même mouvement ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique... Dans ce lieu réel saisi ainsi dans sa complexité, je viens inscrire un élément de fiction, une image (le plus souvent d’un corps à l’échelle 1). Cette insertion vise à la fois à faire du lieu un espace plastique et à en travailler la mémoire, en révéler, perturber, exacerber la symbolique... Je ne fais pas des oeuvres en situation, j’essaie de faire oeuvre des situations.
Il y a des artistes qui travaillent dans le calme de leur atelier, qui ne sortent de leur tour d’ivoire que pour une exposition qui leur est consacrée. Et puis il y en a d’autres, dont l’oeuvre concerne un public aussi vaste que possible. Pour le joindre, ce public, aussi varié qu’il soit d’âge et de culture, ils n’hésitent pas à aller vers lui, à parler sa langue, à le frapper dans ce qu’il a de plus vif, de plus spécifique.
Ernest Pignon-Ernest est de ceux-là. Il en est même l’archétype, car il pousse la démarche à son point extrême.
Il va chez l’homme à qui il a décidé de parler. Il va chez lui. Dans sa rue. Et le dessin qu’il a préparé dans son atelier et qui porte son message, il le colle lui-même sur le mur de la maison qu’il a choisie. Le message est ainsi exposé. A tous les vents, à tous les passants. Il est concentré en un lieu qui se multiplie dans la ville. C’est qu’un homme, Ernest Pignon-Ernest, dit aux autres hommes. Et qu’il s’agisse d’une rue où jouent les enfants, à Naples ou à Ramallah, d’un marché aux légumes ou d’un escalier qui mène à un monument, il est vu, accepté, compris.
Ernest Pignon-Ernest sait ce qu’il veut dire. Et il le dit avec une force qui n’a pas d’équivalent dans la peinture contemporaine. Avec une concision et une qualité de trait digne de la haute époque.
Nous avons proposé à des personnalités très différentes, de choisir une oeuvre et de la commenter librement. Textes de François Barré, Philippe Bordas, Christian Bobin, Gisèle Halimi, Fred Vargas, Laurent Gaudé, Paul Virilio, Yves Simon, Pierre-Marc de Biasi, Marie-José Mondzain, Michel Onfray, Daniel Pennac etc...
165 x 200 mm, environ 144 pages - Impression quadrichromie - Couverture reliée à rabats
Prix public (provisoire) : 28 euros - Parution prévue le 15 juin 2010.
L’ouvrage accompagnera l’exposition Parcours Ephémères. Du 2 juillet au 20 août 2010, la Ville de la Rochelle et l’Espace Encans ont choisi d’exposer les oeuvres d’Ernest Pignon-Ernest. Les croquis, dessins et photographies réalisés par l’artiste seront présentés sous la forme d’une rétrospective où les visiteurs découvriront des dessins jamais exposés.