Galerie Le Réverbère Rue Burdeau, 38 69001 Lyon France
Les sept mercenaires, 2010.
Cet ensemble est composé de sept portraits (100 x 80 cm) comme les sept jours de la semaine, les sept muses, les sept péchés capitaux ou les sept merveilles du monde, bien que les sept mercenaires soient encore la comparaison qui leur sied le mieux. Il s’agit de billets de banque photographiés en plan rapproché, assemblés pli selon pli, où les procédés graphiques dissuadant les contrefaçons s’effacent pour faire place à de délicats entrelacs, de subtiles superpositions de trames se déployant en faste ornemental d’inspiration baroque et où les figures du pouvoir s’entremêlent incestueusement, s’abâtardissent les unes les autres, se ridiculisent et s’ahurissent tout en demeurant irrémédiablement des figures, grotesques mais crédibles, à moins que ce ne soit l’inverse ?
Les contrées nulles, depuis 2008.
Les contrées nulles, au titre emprunté à Mallarmé, doivent beaucoup aux poètes qui accompagnent mes nuits ou plutôt ma nuit, devrais-je dire. Stéphane Mallarmé donc, Paul Valéry et René Char pour n’en citer que les plus fidèles, ont abondamment nourri l’imaginaire de ces natures mortes où n’en finissent plus d’échoir mes obsessions et que j’observe attentif, curieux de la forme qu’elles révéleront de l’autre côté de l’appareil. L’une de ces obsessions, parmi les plus tenaces, consiste à voir dans n’importe quel objet donné, un reflet du monde ; c’est ainsi que je me suis mis à photographier les objets les plus divers qu’une vieille manie me fait glaner et amasser, comme s’il s’agissait de lieux. Façade de bâtiment ou montagne surgissant de sa plaine, c’est le souci du proche et du lointain, le choix d’un point de fuite ou d’une ligne d’horizon, la détermination des reliefs et dépressions qui instruisent dans son ensemble le protocole de prise de vue. Que l’image recueillie ne conserve du paysage qu’une vague réminiscence ou encore que certaines demeurent irréductibles à l’idée même de paysage importe moins que le
mouvement de contre-emploi qu’imprime ce dévoiement : la photographie ne cesse plus dès lors d’éprouver à l’égard du réel un sentiment de défiance et use de son mimétisme pour rendre toujours plus confuse la limite entre vraisemblable et faux-semblant. Les points de vue se succèdent et s’immiscent au milieu des choses, la vision s’origine de la poussière, des particules en suspension et surprend le monde en son absence : le spectacle nu d’un temps en chute libre, où toute chose se meut de sa cadence de mort.
That’s all folks ! 2007-2008.
Cet ensemble de vingt pièces se présente sous la forme d’un bestiaire dont chaque figure, empruntant son titre et sa scansion à un air de musique, essaie à sa manière d’évincer l’ordre de la représentation ; vingt tentatives de le pervertir et au moins autant de réflexions sur le réel hors de sa représentation. Saturation de la surface et emphase décorative, invraisemblance des rapports d’échelles, mise à nu des mécanismes et des artifices, ou encore illusions et troubles optiques perturbent les conventions de la représentation et affranchissent la photographie de leur pesanteur. Le burlesque et l’absurde dont se réclament ces images s’accompagnent d’un jeu aux effets plus immédiats : pendant toute la durée de l’exposition, j’offre un tirage à la première personne qui trouvera le(s) auteur(s) / interprète(s) des vingt morceaux musicaux qui composent la playlist de That’s all Folks !