Maison de la Photographie Robert Doisneau 1 rue de la Division du Général Leclerc 94250 Gentilly France
Après une première carrière de journaliste et plusieurs années de pratique de la photographie en tant qu’amateur, Nikos Economopoulos choisit de se consacrer uniquement à la photographie en 1988. Deux ans plus tard, il rejoint Magnum Photos dont il devient membre en 1994. Dès 1990, il poursuit un projet de longue haleine sur les Balkans pour lequel il reçoit en 1992 la bourse Mother Jones for Documentary Photography. Ses photographies sont publiées dans la presse du monde entier et d’autres reportages suivent, sur la pauvreté et l’exclusion en Europe, les gitans et les minorités musulmanes en Grèce, les travailleurs des mines de lignite… Originale et chargée de poésie, la photographie de Nikos Economopoulos ne se résume jamais en un simple témoignage. Elle s’exprime à travers des constructions visuelles surprenantes, parfois mystérieuses et intemporelles, et se décline dans un style très personnel. La réalité reste présente à chaque image, mais à travers une vision renouvelée, sans clichés ni pathos, inventée dans l’instant d’un cadrage ou d’un rayon de lumière. Il photographie principalement les gens de la rue, souvent dans les campagnes, et induit à travers leurs gestes, leurs regards ou des détails apparemment insignifiants un contexte, une histoire, un événement qu’il nous revient d’imaginer.
A propos de son reportage sur les Balkans, il écrit d’ailleurs : « Lorsque j’ai commencé à photographier la Grèce, la Turquie et plus tard les autres pays balkaniques, ce n’était pas pour décrire l’actualité. Je me suis laissé aller au charme de l’observation des gens des Balkans, l’esprit vide mais je crois le coeur plein. Mes sentiments n’étaient pas toujours positifs car souvent les hommes des Balkans m’insupportaient. Je suis rentré chez moi et pour quelques semaines je n’ai plus voulu entendre parler d’eux. Après peu de temps renaissait la nostalgie et j’y suis retourné. »* Nikos Economopoulos photographie ainsi, porté par sa mélancolie, son instinct et son empathie pour les hommes. Les habitants de la « ligne verte » à Chypre, les émigrants illégaux à la frontière gréco-albanaise, la fuite des Albanais du Kosovo, sont parmi les nombreux sujets qu’il aborde et plus particulièrement il mène un projet personnel de plusieurs années sur la Turquie. Le prix Abdi Ipektsi, pour la paix et l’amitié entre les Grecs et les Turcs, vient récompenser son travail en 2001. En 2002, le Musée Benaki d’Athènes lui consacre une importante rétrospective dont est issue la présente exposition accueillie pour la première fois en France.
Annie-Laure Wanaverbecq