Centre d'art Sebastien 12 bd Jean Jaurès 83270 Saint-Cyr-sur-Mer
"(...) Raphaël Dupouy – et c’est là tout son art – sait être dans la redite sans se répéter. Il y a chez lui cette magie, toujours renouvelée, du geste inaugural, intact. « Tout l’intérêt de l’art se trouve dans le commencement », et c’est bien de cela dont le photographe rend compte par ses images. La fidélité à la ville, d’abord, qui caractérise son œuvre – Londres, Prague, Barcelone, New York, San Francisco, Shanghai, Paris, Lyon, Toulon, Saint-Etienne, Le Lavandou – mais aussi la fidélité au jeu des transparences et des superpositions que permettent les reflets notamment, parviennent sans cesse à relier l’artiste à l’origine. Et cet attachement à un thème de prédilection et aux moyens choisis pour en rendre compte font sourdre une constance plus ancienne, plus essentielle, vitale : celle à soi. (...) Dans les images de Raphaël Dupouy, coexistent, de manière presque paradoxale (et en cela c’est précieux), la volonté de rendre compte d’un réel et, en même temps, de s’en abstraire. De s’en échapper, de s’en protéger peut-être. En tout cas de garder la distance. Rares sont les photographies qui n’offrent pas la présence forte d’un premier plan qui fait repoussoir. Ici une vitre plus ou moins transparente ou franchement maculée de reflets, là un vitrail, un visage flou ou la netteté d’un verre, le rideau d’une enseigne, un poteau, là encore les branches d’un arbre, l’encadrement d’une fenêtre, un pan de mur, un miroir … Il y a un double geste chez l’artiste : donner à voir et occulter. (...) Les lieux visités par Raphaël Dupouy et qu’il nous donne à voir, ne seraient-ils pas ainsi la face unique du lieu de l’origine ? Et dans cette géographie toute personnelle qui porte le photographe en certaines villes, favorisant parfois le lien entre elles par le biais du déplacement ferroviaire ou aérien, toujours générateur d’images et aux titres explicites (Paris-Londres, Lyon-Toulon, etc), c’est toute une géographie de l’intime que Raphaël Dupouy nous invite, avec lui, à explorer pour en connaître les arcanes ; à jamais révélées. Nécessité donc d’une éternelle quête." Myriam Villain