Capter une image mentale. La saisir, la fixer un court instant.
Donner une forme à nos états intérieurs, fantasmes, désirs, angoisses.
Les yeux exorbités, recevoir les images qui se projettent sur la paroi de notre écran intérieur, infiltré, modelé par tout ce que le cinéma a déposé en nous.
Le duo d’artistes composé par Clara Djian et Nicolas Leto travaille aux confins du cinéma, de la photographie (du photogramme) et des arts graphiques (aérographe). Dans une thématique qui rejoint les architectures, les éclairages et l’angoisse propres au cinéma expressionniste, ils s’attachent à recréer des images/sensations que nous avons l’impression de porter en nous depuis toujours. Le noir et blanc et le réalisme quasi-photographique de leur travail plastique renvoie la photographie à une interrogation sur la toute-puissance qu’elle a eu dès son origine.
La série de photographies de Corinne Rozotte nous entraîne dans une dérive vertigineuse. Ça tangue, ça tremble, ça éblouit. Couleurs glauques ou électriques, images/perceptions : quelle est l’histoire qui se raconte dans ces rues, au bout de ces escaliers, derrière ces grilles, derrière ces portes closes ? Des photographies qui pourraient faire l’économie de la vision et atteindre directement notre cortex.
Jean-Marc Forax a vu des films. Il s’en souvient. Surtout quand il ferme les yeux.
Quand ça ne bouge plus. Alors, tout peut commencer. Dans des dispositifs vidéo qui ont tout à voir avec la fascination, il projette, au ralenti, sur le dessin au fusain d’un photogramme, la séquence d’où est extrait ce photogramme. L’image frémit, l’image vit, non de la reproduction de la vie mais de la vie propre aux images, on entre dans un temps hypnotique.
Bruno Dubreuil / Immix