Théâtre de Namur Place du Théâtre, 2 5000 Namur Belgique
Pour sa 40e exposition, le Théâtre de Namur offre à son public une exposition, fruit d'un travail singulier.
Les autoportraits d’Hélène Amouzou sont d’abord ceux d’une jeune femme seule qui montre ce qu’elle peut photographier d’elle-même à bout de bras ou avec un obturateur sur pose T.
Par ces limites physiques et techniques qui soulignent un manque de moyens, ils sortent du cadre convenu de la représentation de soi pour accéder d’emblée au registre de la métaphore.
D’évidence, ils nous disent moins à quoi ressemble son auteure (où ce qu’elle voudrait qu’on perçoive d’elle) qu’ils ne nous laissent entendre la situation angoissante qui est la sienne depuis dix ans : celle d’une immigrée en attente de régularisation. Il y a par exemple ces deux fantastiques images où on la devine plus qu’on ne l’aperçoit.
Sa robe à fleurs se confond avec les fleurs du papier peint défraîchi de la mansarde qui lui sert de studio. Son visage est mangé par le haut du cadrage.
La première photo nous la montre de face, la suivante de dos. Vient-elle d’arriver ? Part-elle ? On n’en sait rien. Simplement elle porte une valise qui, elle, apparaît distinctement. Impression étrange d’avoir en face de soi quelqu’un que tout pousse à s’en aller et qui, pour rester parmi nous, en est venu par l’entremise de ses images à se glisser entre le papier peint et le mur.
La trentaine d’autres photos en noir et blanc confirment cette intuition. Que ce soit sous forme d’ombre portée sur le mur ou du flou de son corps en mouvement, la jeune Togolaise réussit à nous dire qu’elle est-là sans y être et que sa grande crainte est de ne pas réellement exister. En quatre années de cours à l'Académie à Bruxelles, elle a appris à être présente dans les images. Le plus dur reste à faire : convaincre l’administration qu’elle a sa place parmi nous.