Le printemps à Pékin, c’est un indicatif spatial et temporel, bien que la majeure partie des images présentées n’aient pas été captées à Pékin, mais aussi un clin d’œil au livre que lisait le photographe lors de son séjour en Chine, L’automne à Pékin, un classique de Boris Vian. Rien dans ce roman ne justifie ce titre, mais le titre a fait qu’il a été lu à Pékin en 2009 par un voyageur qui associe maintenant cette œuvre littéraire à ses souvenirs et à des images chinoises. Du même coup, voilà que l’auteur de l’exposition, invité à présenter son exposition à la Galerie Tzara, de Québec, a l’occasion de lier de façon improbable le nom de Vian à celui de Tzara, deux artistes associés au mouvement surréaliste, un drôle de hasard.
Le sous-titre, Instant d’avant et d’après, met en évidence les petites séquences filmiques qui constituent le fil conducteur de l’exposition. L’idée de Zakari Gilbert était d’offrir des segments de vie auxquels il avait assistés, par opposition à l’image unique, qui ne permet pas de voir l’avant et l’après. De courtes périodes s’animent ainsi sous nos yeux, puis dans nos têtes.
Par contraste, il a voulu également insérer des images statiques, où le silence et l’absence se rencontrent pour évoquer la paix mais aussi le mystère. Les moments d’après deviennent ceux d’avant dans une roue qui ne cesse de tourner, mais sans mouvement l’œil n’a plus de référence et le temps semble figé, ce qui nous apaise et nous permet de s’accrocher à l’immobile, à l’immuable... ne serait-ce qu’un instant.