Ses photographies exposées incarnent le désir de témoigner des beautés fugaces de ce monde. Un choix assumé de portraits de familles, d’enfants et d’adultes saisissants de dignité, « de véritables peintures ». Ne serait-ce que pour voir ces femmes et hommes peu coutumiers se dévoiler et donner tant de leur intimité, partager leur altérité face à l’objectif de Sébastien et aux yeux du monde, cet instant d’humanité vaut plus qu’un détour.
Réalisées en 2008, la veille et cinq jours après le passage de « Nargis », l’un des cyclones les plus meurtriers de cette dernière décennie en Extrême-Orient, ces photos parlent d’elles-mêmes. Sébastien ne s’interdit rien. Il va là où son cœur le porte. Une plongée équivalente à un photo-reportage dans ce pays méconnu de l’Occident. Le photographe va à la rencontre de ces habitants éprouvés. Bilan: un résultat saisissant de sincérité. Aucun misérabilisme bien que le pays comptabilise plus d’une centaine de milliers de morts et de disparus au moment où se dessinent ces scènes. Un tirage de quarante photos réalistes comme l’âge symbolique de ce poète de l’image. Cette exposition est ainsi la synthèse colossale du travail d’un esthète de l’image. La qualité est frappante. Un investissement quasi personnel (financier, logistique).
S’il ne vit pas suffisamment de son art, Sébastien vit pour lui. Sa photographie est exigeante, pointue, technique et à la fois poétique car habitée par le mouvement, l’improvisation, une musique intérieure ainsi qu’une profusion de couleurs. « Jamais il ne faut perdre de vue le mariage musique et image de ces réalisations ». Son œil est une traduction de sa vision citoyenne du monde : un monde pluriel, d’équilibre, entre la Nature et l’Homme, de partage sans iniquité. Sa vision est celle d’un passionné de la planète. Ce végétarien depuis une quinzaine d’années, rétif aux injustices, a une relation très fusionnelle avec son environnement. La rencontre de ce fort tempérament, de cet esprit libre est forcément marquante.