Avec ses “vidéostations”, Laurent Dejente continue son questionnement et sa réflexion sur le corps, l’espace et l’interdépendance que le regard leur assigne. Des personnages, qui ne sont pas de simples présences mais bien des personnes qui jouent un rôle, sont mis en scène pour se mesurer, physiquement et de façon expérimentale, au milieu dans lequel ils s’inscrivent. Un basculement de 90° à gauche ou à droite est prévu dès la prise photographique ou vidéographique (les personnages allongés seront donc debout et ceux debout seront couchés), ce qui installe les protagonistes dans un espace qui n’est pas celui de leur posture de pose.
Nous sommes donc confrontés à des renversements de l’espace, modifiant les conventions de notre regard et dans le même temps de notre perception visuelle de l’apesanteur. Et cela sans jamais que le photographe n’essaie de nous leurrer sur la manipulation évidente de la prise de vue. Nous devons effectuer un aller-retour permanent entre deux sens de lecture, nous sommes littéralement sens dessus dessous, chamboulés par ce vertige du monde. Jacques Damez Laurent Dejente est né à Sedan le 2 octobre 1961. Il vit et travaille aujourd’hui entre Lille et Marseille.
Etudiant, il apprend l’anatomie et la physiologie du corps humain à Montpellier. Parallèlement il peint. En 1991 il délaisse la peinture, installe son atelier dans une ancienne boulangerie et se plonge avec appétit dans l’étude de l’histoire de l’art, se passionne pour la philosophie. En 1993, les propos de pédagogie de Kant et sa conception de la nature lui inspirent son projet “Comme si l’arbre dans la forêt” pour lequel il obtient une bourse de la ville de Marseille. Pendant quelques années, à la manière d’un sociologue, il collecte de nombreux documents sonores, écrits et photographiques lors d’enquêtes qu’il mène auprès des professionnels et des amoureux de la nature. Dans ces dispositifs (1995) il réagence et retraite l’information, dévoilant les coulisses du marketing vert. Cz travail marque le début d’une réflexion sur la notion de cliché, les stéréotypes comportementaux et les conditionnements socioculturels qui modélisent notre société.
En 1997, tout en restant pluridisciplinaire, il s’investit davantage dans la photographie qui s’impose à lui comme le médium idéal pour jouer avec les codes de la représentation. Il réalise le premier volet d’Itinéraire bis: Les Sorties, qui sont une tentative de déconstruction par le biais d’une analyse des postures des corps de notre relation romantique à la nature et de notre rapport conditionné au sublime. En 1999, il obtient l’aide du CNAP pour sa première exposition à la Galerie Le Réverbère. Laurent Dejente est revenu à son premier sujet d’étude : le corps. Il transpose à la pratique de son art les qualités d’observation et de diagnostic acquises par la pratique de son premier métier, l’oeil du praticien guide l’oeil du plasticien. C’est en résidence en Bretagne en 1998-1999, invité par la galerie du Dourven (Côtes d’Armor) qu’il termine le second volet d’Itinéraire bis ; Les Panoplies. Au travers de grands portraits inquiets de sportifs amateurs et d’amoureux de la nature en tenus “Décathlon” il dénonce et interroge la trompeuse idéologie dominante du bien-être.
Il participe avec la Galerie Le Réverbère à la Fiac 1999, 2001, 2003 ainsi qu’à Paris Photo 2001 et 2006. Il s’interroge sur l’impact de cette photographie critique. Entre 2000 et 2003 il produit de petites séries (Leitmotiv, Lounge, La partie) où apparaissent des préoccupations liées à l’interdépendance du regard, du corps, et de l’espace. Durand 2003-2004 à Marseille, il réalise avec la vidéaste Muriel Toulemonde un dispositif vidéo et sonore reliant ses deux vocations : Le Gymnase, tentative d’approche sensible du travail des corps qui se déroule dans un centre de soins où il fut soignant. Il est invité en résidence par Vidéochroniques à la Friche de la belle de mai pour en réaliser le montage.
Laurent Dejente vient de s’installer à Lille quand il participe en 2005 à la 5ème édition des transphotographiques puis expose à la Galerie Le Réverbère dans le cadre de la biennale d’art contemporain de Lyon : il y présente sa nouvelle série Stations qui bouscule les conventions de notre perception et déstabilise le cadre perceptuel dans lequel s’organise notre réalité. En 2006, il montre Stations à Paris Photo, en 2007 à la galerie La Traverse à Marseille, puis à la Malterie à Lille ainsi qu’à l’Institut Français de Varsovie. Depuis 2006 il crée un ensemble de vidéos dans l’esprit des photographies.
Horaires des projections
Samedi 5 de 18h à 1h, dimanche 6 de 18h à minuit, lundi 7 de 18h à minuit, mardi 8 de 18h à minuit
Une permanence sera assurée au Studiolo rue des Tables Claudiennes samedi 5 et dimanche 6 jusqu’à 23h, lundi 7
et mardi 8 jusqu’à 20h.
La galerie (38 rue Burdeau - 69001) sera également ouverte au public jusqu’à 23h le samedi et le dimanche.