En janvier 2007 la Galerie VU ’ proposait une grande exposition consacrée à Hicham Benohoud avec notamment “La salle de classe numéro 2” et “30 familles”. L’artiste marocain revient aujourd’hui avec des nouvelles séries réalisées ces dernières années. Des séries qui prolongent sa réflexion sur le rôle du corps dans l’affirmation de l’identité et de la liberté de chacun face aux contraintes sociales et culturelles.
L’exposition LIMIT - NO LIMIT présente quatre séries récentes et inédites à Paris de l’artiste marocain Hicham Benohoud qui, depuis 15 ans et son travail fondateur La Salle de classe (1994-2002), utilise le corps pour développer une réflexion sur l’identité, l’individualité et leur intégrité souvent menacée. Dans des mises en scène volontairement précaires, réalisées au Maroc ou en Afrique Noire, le corps est mis en relation avec des
objets et des matières qui, trouvés sur place, sont choisis pour leur banalité, leur neutralité et leur absence de signification. Ces images construitent transforment la réalité visible, de manière explicite ou plus discrète, créent une tension visuelle et un sentiment d’étrangeté qui traduisent les violences sociales et morales profondes, souvent acceptées et assimilées par les populations que l’artiste rencontre. Transgressive et critique, l’œuvre d’Hicham Benohoud entend remettre en cause le poids des normes et des conventions présentes dans sa culture arabo-musulmane. les séries exposées :
Half couple, 2004 (1)
Dans la continuité des gros plans du visage de l’artiste de Version soft (2003), Half couple est une série d’autoportraits en pied dans un espace neutre où le corps nu de l’artiste est altéré par des ajouts de matière collés sur sa peau ou recouvrant son visage. L’artiste affirme son identité dans une culture arabo-musulmane holiste où l’individu disparaît dans le collectif. La question de l’individualité est, à cet égard, renforcée par le titre de la série qui renvoie au statut du conjoint dans un couple.
Kinshasa, 2007 (2)
Réalisée dans le cadre d’une résidence d’artiste à Kinshasa, cette série de portraits de jeunes congolais est particulièrement violente. Hicham Benohoud fut, en effet, très marqué par la pauvreté et le climat de tensions sociales et politiques faisant suite à l’élection de Joseph Kabila. Les visages en gros plan et en grands formats, striés et déformés par des fils tendus, rendent compte de cette violence quotidienne et des espoirs déçus de cette jeunesse. La série «Kinshasa» a été produite pendant les Scénographies Urbaines de Kinshasa réalisée par Eza Possibles et azemmour, 2007 (3)
Cette série est le fruit d’une commande publique qui, initialement, devait participer à la valorisation d’Azemmour, cité patrimoniale marocaine méconnue. Hicham Benohoud a préféré créer une relation étroite avec des enfants livrés à eux-mêmes et victimes d’inégalités sociales et culturelles. En fait de portrait flatteur de la ville, Hicham Benohoud livre ici un regard critique sur la jeunesse sacrifiée d’Azemmour.
La série “Azemmour” a été produite par l’association “Pour l’instant” de Niort Intrusions, 2009 (4)
La dernière série d’Hicham Benohoud poursuit son travail sur le détournement d’objets et de matériaux ordinaires et prolonge, cette fois sur le mode absurde de l’intrusion contre nature, le rapport que l’artiste crée entre un corps et un élément extérieur. Cette série est celle d’un plasticien qui continue d’explorer les limites d’acceptation de son matériau principal que constitue le corps.