L’exposition annuelle de l’Association Florence se tiendra du 19 au 29 novembre 2009 sur les quelque 650 m2 de l’Espace Commines à Paris. La thématique retenue cette année est : « IMAGINAIRE ». Une dizaine d’artistes plasticiens, photographes, vidéastes…, exploreront ce vaste territoire et ses champs multiples, mêlant fantasme pur et traces d’un monde passé, présent, ou peut-être futur...
« Imaginaire »- Toutes les créations artistiques, d’évidence, appellent par essence à cette faculté de déborder le réel, pour l’artiste comme pour le spectateur, qu’est l’imaginaire. L’imaginaire, ou plutôt les imaginaires recouvrent des champs multiples, des territoires divers, depuis la production d’images par l’esprit aux mondes les plus oniriques, des fantasmagories les plus poétiques aux projets les plus fantaisistes. Mais dans le monde d’aujourd’hui, quel sens prend le recours à l’imaginaire pour les artistes ? Qu’expriment les artistes contemporains en convoquant cette « fonction de l’irréel » ? Quels sentiments peuvent susciter des œuvres empruntes de l’imaginaire de leurs créateurs ? Car le réel pouvoir de l’imaginaire ne prend-il pas véritablement corps dans la rencontre de la vision de l’artiste et du regard du spectateur ? Autant de questions que pose, en autant de propositions plastiques et conceptuelles différentes, chacun des artistes choisis par l’Association Florence, et présentés ici.
Les combinaisons de figures peintes et découpées de Dominique Gayman ouvrent à un univers baroque et insolite, entre forêt amazonienne et cabinet de curiosité. Réalisées à l’échelle 1, créant une sorte de frontalité, de proximité immédiate, ces scènes semblent évoquer tout à la fois des récits de voyage, d’expéditions lointaines, des rêves de territoires encore inexplorés et des fantasmes d’exotisme. www.dominiquegayman.com
Chez la cosmopolite Katrin Bremermann, les univers et les moments de l’histoire de l’art s’entrelacent et se superposent. Les frontières entre l'abstraction et la figuration se dissolvent. Ainsi, bribes de réalisme parfois teintées de pop occultées par l’abstraction, aplats de couleurs primaires et lignes géométriques, les images, présentes et oblitérées à la fois, se devinent, images volées entre imaginaire et souvenirs d’un monde vécu, vu ou revu, dans des confrontations visuelles, des tensions entre illusion et réalité, transformant l’œuvre en énigme et laissant le spectateur face à ses propres scénarios. Des formes, des gestes et des images proposent un autre langage. www.katrinbremermann.com
Jeanne Clauteaux et Patricia de Gorostarzu, chacune à leur manière, explorent les territoires intimes et évanescents de la mémoire. Les gravures en noir et blanc, souvent à la pointe sèche, de Jeanne Clauteaux, offrent un réel potentiel émotionnel. Ses silhouettes denses et énigmatiques surgissent dans une ambiance presque cinématographique, étranges et inquiétantes, comme dans un film expressionniste, entre rêve et cauchemar, réalité et souvenir confus. Les photographies « à la chambre » de Patricia de Gorostarzu, dans leur dominante sépia, explorent des lieux de vie, chambres, salles de bains, couloirs, qui font écho en nous et invitent aux rêveries nostalgiques, imaginant avec émotion les trajectoires de ces existences singulières, au travers des traces qu’elles ont laissées. www.jeanneclauteaux.com.
Les peintures de Catherine Olivier, présentes et évanescentes à la fois, se jouent des ombres, de la lumière et de la couleur, pour évoquer, au travers de ces portraits en douces silhouettes, un « état d’âme », quelque chose de l’ordre de la nostalgie, un sentiment plus qu’un souvenir, une atmosphère davantage qu’une image : la sensation d’un après-midi au soleil. http://grandecatherine.ultra-book.com
Tiphanie Spencer dessine et peint comme s’exprime l’inconscient : non pas à la manière d’une bibliothèque, ordonnée et bien rangée, mais dans un apparent capharnaüm, bien que poursuivant une logique interne qui bien souvent nous échappe, à moins de s’attacher à en décrypter les symboles. Ainsi le travail de Tiphanie Spencer fonctionne-t-il par glissements : glissement sémantique, associations d’idées et d’images. Elle compose et décompose ses figures, nous fait rentrer dans son univers entre cubisme et surréalisme, dans un esprit proche du « cadavre exquis », ou se mélangent l’actuel et l’intemporel, le passé et le présent. www.triphaniespencer.com
Les sculptures d’Alice Morlon associent un esprit parfois proche de l’Arte Povera et une certaine forme de primitivisme : cavaliers oniriques, éléments de la nature, bestiaire fantastique rappelant celui de César...Attentive à l’« énergie à l’œuvre » dans ce qu’elle crée, ses figures totémiques semblent vouloir faire entrer en dialogue la nature et la culture, autour de formes vitales ou organiques, suggérant une relation empathique entre l’homme et la nature, une relation nouvelle et apaisée pour le monde de demain. www.alice-morlon.com. Légères, fragiles et insaisissables comme l’âme et les airs, les installations, comme les tableaux-reliefs, de Maryline Pomian expriment une infinie poésie au détour de laquelle se déploie délicatement l’imaginaire. Matériau comme un souffle, un « presque-rien », le papier à cigarette, plié, froissé, plissé, modelé, accumulé, empilé se réinvente en sculptures puissantes et délicates, et l’on rêve de rentrer dans le secret de leurs compositions minimalistes et pures. www.marylinepomian.com
Quant à Laurent Pernot, ses vidéos explorent des « espaces aux frontières du réel », des territoires d’un imaginaire silencieux, épuré, contemplatif. Ses images mystérieuses et poétiques surgissent de la nuit et s’évanouissent comme des songes, du visible vers l’invisible, abordant les continents du fantastique et du merveilleux. www.laurentpernot.net