A Londres, en janvier 2006, l'exposition consacrée à la photographe Diane Arbus s'achève en triomphe. La presse entière acclame ce travail longtemps jugé dérangeant, voire " pervers ", comme le disait Susan Sontag. Les collectionneurs s'arrachent les tirages à prix d'or. Quelqu'un manquerait-il à la fête ? Diane Arbus n'est plus là. En juillet 1971, à l'âge de 48 ans, un jour de moite chaleur new-yorkaise, un ami la trouve les veines tranchées dans sa baignoire. Diane Arbus, née Nemerov sur Central Park West, petite fille gâtée de la grande bourgeoisie juive américaine, puis mère de famille se levant à 5 heures du matin pour courir les cirques ou les asiles psychiatriques, est une exploratrice du Barnum américain. Passée par la photographie de mode, travaillant pour Condé Nast, Harper's Bazaar ou Vanity Fair, elle s'émancipe vite, se brûle au contact des damnés de la ville. C'est l'une des premières, sinon la seule avec Lisette Model, à saisir les ombres errantes de Manhattan : elle flashe au vif avaleurs de sabre, femmes à peau de serpent, nudistes militants, aliénés hilares, géants, jumelles sibyllines au regard de glace, photographiés dans des hôtels miteux ou des recoins hors la loi de Central Park. " Je suis née tout en haut de l'échelle et, toute ma vie, j'en ai dégringolé aussi vite que j'ai pu ", disait-elle. Dans cette biographie riche d'éléments inédits, portrait de femme fragile, Violaine Binet revisite l'une des grandes artistes de la photographie du vingtième siècle.
Biographie de l'auteur
Violaine Binet a été rédactrice en chef adjointe à Vogue pendant treize ans. Diane Arbus est son premier livre.