Photo thierry laugée
Le photographe Willy Ronis, doyen des photographes français, s'est éteint samedi à l'âge de 99 ans, a indiqué à l'AFP le PDG d'Eyedea Presse, dont dépend l'agence de photo Rapho où il travaillait.
Retrouvez l'interview que nous avons réalisé : http://www.actuphoto.com/6639-entretien-avec-willy-ronis.html
Le photographe, qui ne se déplaçait plus qu'en fauteuil roulant, était affaibli par son grand âge et les dialyses "qu'il subissait régulièrement", a précisé Stéphane Ledoux, patron d'Eyedea (Gamma, Rapho...).
Mais "il a été clair dans son esprit et pétillant jusqu'au bout", a-t-il souligné.
"Sa photo était profondément humaniste et vraie. C'était un des plus grands photographes de son temps, qui nous a offert un regard sur la France", a commenté M. Ledoux.
"Nous avons tous beaucoup de peine. Il a toujours eu une grande fidélité pour Rapho. Il laisse seuls une équipe et des gens avec qui il a travaillé pendant des années avec beaucoup de chaleur", a-t-il ajouté.
Associé au courant humaniste et idéaliste, révélé par ses reportages sur les mouvements sociaux, Willy Ronis, est devenu photographe professionnel par accident, en 1936.
Né en 1910, à Paris, l'auteur des "Amoureux de la Bastille" a réalisé son premier cliché à l'âge de 16 ans. Jeune, ce contemporain de Doisneau et Cartier-Bresson se passionne pour la musique et le dessin. Son père, ukrainien, était photographe de quartier. Sa mère, lituanienne, donnait des leçons de piano.
Au retour du service militaire, en 1932, Willy Ronis abandonne la musique pour reprendre la boutique de son père, malade. Agacé par ce travail sédentaire, le jeune homme s'évade à la montagne et réalise des reportages sur les sports d'hiver. A la mort de son père, en 1936, Ronis laisse le magasin et devient photographe pour la presse, l'industrie, la mode et la publicité.
1936, c'est aussi le Front Populaire. Ronis publie dans la revue "Regards" ses premiers reportages sur les mouvements sociaux, notamment les grèves chez Citroën.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il déserte la photo. Au hasard des rencontres, il devient régisseur de théâtre, aide-décorateur de cinéma, ou peintre sur bijoux, avec Marie-Anne qu'il épouse en 1946.
A la Libération, Ronis participe à la renaissance de la presse illustrée. En 1946, il fait partie de la première équipe de l'agence Rapho avec Robert Doisneau et Brassaï.
A partir de 1947, Ronis se passionne pour les quartiers de Belleville et de Ménilmontant. Il arpente les rues de ce Paris populaire, sans monument, et le fige sur la pellicule.
En 1955, Ronis quitte Rapho (qu'il rejoindra plus tard). Il se consacre alors à la mode et à la publicité. Enseignant la photo à Paris et en Provence à partir de 1968, le Parisien se retire une dizaine d'années à Gordes (Vaucluse) et retrouve la capitale en 1983. Cette année-là, il fait don de ses archives à l'Etat, mais en reste le dépositaire de son vivant.
A la fin des années 70, c'est la consécration : Grand Prix des arts et lettres pour la photographie (1979), il est en 1980 l'invité d'honneur des Rencontres internationales de la photographie en Arles et son livre "Sur le fil du hasard" reçoit le prix Nadar (1981).
Expositions, rétrospectives et hommages se succèdent, notamment à Paris en 1985, 2005-2006. Fin 2008, il publie "Nues", retraçant cinquante-six ans de travaux.
En juillet dernier, il avait été une nouvelle fois l'invité d'honneur des 40èmes Rencontres photo d'Arles.
Willy Ronis était officier de la légion d'honneur.