Fondation Renaud, Fort de Vaise 25 Boulevard Saint Exupéry 69009 LYON France
Vous avez dit… rouille ?
Ecoutez un peu : embrouille, trouille, carambouille, tambouille, bidouille, bredouille, dépouille…etc.
Le caractère fortement péjoratif du suffixe vient sans doute de loin ; ceci rejaillit sans doute sur notre façon de voir les mutations du métal.
Alors c’est dit, je ne veux pas « rouiller », définitivement figé, immobile; je veux bouger, je veux sauter, franchir les océans.
Mais pourtant…Arabesques, pointillismes, moirés, chamarrés, broderies, dessins, ornements, calligraphies…Tant de rêves à portée de main, à portée de regard, s’il sait voir.
Il est difficile de faire admettre l’esthétique universelle d’une carcasse de voiture en forêt. Pour autant, le déclencheur photographique est-il vraiment le moyen d’une perversion voire même le terreau d’une fleur du mal ?
L’oxydation-malédiction frappe inexorablement le végétal, l’animal et le minéral, et les êtres développent des trésors d’imagination pour échapper à cette marque du temps. Emballages, peintures, bains chimiques, revêtements plastiques, atmosphères contrôlées, tout est bon pour s’approcher du vieux mythe de l’immortalité.
Les années d’euphorie économique ventaient le neuf, l’inox… et aussi le jetable avant l’infamie du temps.
Réfléchissons. Que serait un camembert qui n’aurait pas vieilli ? Et que dirait-on d’un Château Margaux de l’année ?
La patine du temps n’est pas seulement nécessaire pour faire accepter nos orgueilleuses façades. Elle entrouvre une infinité de champs d’ajustements culturels complexes et nécessaires.
Existe-t-il un seuil entre la patine et l’outrage du temps ? L’esthétique de la mort est-elle l’apanage des groupes aisés ? Point de lettres d’or, donc ; mais donner des lettres de noblesses à la ferraille, considérée comme déchue, passive, informe.
De l’avantage des ambiguités
Concilier l’économique, le social et l’environnemental est donc maintenant accepté comme un défi incontournable. Mais comment et pourquoi le « déchet » devient-il objet de refus ?
Depuis longtemps « la ferraille » est affublée d’une mauvaise image de marque. En période de crise les cours de nombreux déchets sont de plus en plus bas ce qui « justifie » (économiquement) de moins en moins de plans de récupération. L’éparpillement de déchets de toutes sortes (emballages de mac do, bouteilles, vieux matériels…) risque donc de se maintenir longtemps. Pourtant les conditions sociales et environnementales actuelles justifient un effort amplifié de recyclage et de récupération.
Pour s’approcher un petit peu du développement durable les voies techniques, financières « classiques » ne suffisent pas. L’exposition emprunte donc la voie artistique pour contribuer à faire émerger, sinon de nouveaux schémas de comportement, au moins quelques prises de conscience.
Alors, un méchant « Va-t’fer ailleurs ! » ou au contraire une invite optimiste « A refaire… ailleurs ? »
Mariage de Critique et d’Humour, sous le règne de Poésie.
Thèmes et organisation
le (s) rôle(s) du temps : vieillissement des matériaux, obsolescence, refus du « vieux », inversement survalorisation de l’innovation …
l’importance de l’imaginaire : effets de mode ; déchet = inutile ?
les ajustements nécessaires des valeurs : déchet et laideur
une clarification d’objectifs sociétaux : déchet et danger, déchets et besoins…
les stratégies possibles: productivité, individualisme, intégration (lieux, groupes sociaux)…
Invités :
Photos de Gabriel Meunier
Gérard Bertolini, CNRS; Intervention le jeudi 29/10 à 19 h « Le déchet, matière d’artistes ? »
Patrick Sapin : Musicien, Création sonore environnementale à partir de déchets et objets oubliés
Christian Jacques, sculptures sur ferraille