Je suis arrivé au Maroc en 1962. J'y suis resté huit ans. Mon travail m'amenait à me déplacer dans les villages, au contact des "indigènes", comme certains disaient encore en ce temps là. J'avais appris assez d'arabe pour me distinguer des touristes. J'emportais des photos de mon village natal. Le soir, à la veillée, elles passaient de mains en mains. Nos lourds chevaux de labour provoquaient des exclamations incrédules. " Chouf! " Regarde! Je montrais mon grand-père bêchant son jardin. " El bled di alik? " C'est ton village? J'étais un spécimen égaré d'une tribu de fellahs, loin au-delà des mers.