Depuis 1999, Miquel Dewever-Plana photographie son rêve d’enfant : les Indiens Lacandons, ces Hach Winik ou ‘ véritables hommes ’ comme ils se définissent eux-mêmes, qui vivent dans la forêt du Chiapas, au sud du Mexique. Dans le village de Naha, il assiste peu à peu aux changements subis par ce microcosme sous la pression des paysans sans terre, des colons fermiers, des touristes et des évangélisateurs chrétiens. Tout au long de cette chronique photographique, l’auteur, qui, durant toutes ces années, a côtoyé ce monde d’à peine dix mille âmes, nous entraîne sans nostalgie dans un voyage onirique.
Une nouvelle de Paul Bowles, le Pasteur Dowe à Tacaté vient faire écho à cette vision. Ces deux textes, écrits à soixante ans d’intervalle, nous font partager une expérience étonnamment proche sur un peuple unique qui tente de préserver l’essence de son être.
« Enfant, j’avais toujours rêvé de vivre avec les Indiens Lacandons, les Hach Winik, ces ‘ véritables hommes ’. Je ne sais plus comment j’avais eu vent de leur existence, mais finalement quelle importance car, depuis près de dix ans, je n’ai cessé de revenir chez eux, et le bonheur de partager leur quotidien reste entier. Pourtant, lors de mon premier voyage, j’avais été dérouté par ce monde dont j’avais tant rêvé et que je découvris un après-midi de janvier 1999. Certes, j’étais conscient que la culture lacandone, étudiée dans les années trente par l’éthnologue Jacques Soustelle, avait, sinon disparu, tout au moins connu de grands changements. Mais face à ce monde en mutation, il m’a fallu du temps pour effacer tous les clichés que mon imaginaire avait construits afin de réaliser que l’essence même d’un peuple se trouve non pas dans ce qu’il donne à voir, mais, bien au contraire, dans ce qu’il protège, ce qu’il tait et garde secret, comme la pierre précieuse au coeur de la roche. J’ai dû remettre en question toutes mes certitudes et mes préjugés et accepter de voir autre chose que des Indiens pittoresques en tunique blanche et aux cheveux longs. » Miquel Dewever-Plana