A l'occasion du 40ème anniversaire des rencontres d'Arles, le festival rend hommage à Robert Delpire, créateur de la collection Photo Poche et éditeur entre autres d'Henri Cartier-Bresson, Robert Frank, Brassaï ou Marc Riboud.
Robert Delpire agé de 83 ans, plus connu sous le surnom de BOB dans le milieu, est également publicitaire, réalisateur, commissaire, éditeur.
"Je suis un montreur d'images", dit Robert Delpire dans un entretien, "j'aime autant la photo que le dessin, l'image en général", ajoute l'éditeur à qui les Rencontres consacrent plusieurs expositions.
L'une, "Delpire et Cie", qui rassemble quelque 500 photographies et 150 documents originaux retraçant 60 ans de carrière, sera présentée à Paris par la Maison Européenne de la Photographie du 28 octobre 2009 au 24 janvier 2010.
Robert Delpire est né le 24 janvier 1926, dans une famille d'ouvriers. "J'aimais, enfant, regarder les illustrations de Jules Verne dans l'édition Hetzel", dit-il.
Le jeune homme se lance dans des études de médecine et travaille à 23 ans pour "Neuf", une revue destinée aux médecins qui devient vite une revue d'art. On y trouve Breton, Picasso, Sartre. Delpire crée des suppléments sous forme de livres, illustrés. "J'ai démarré ainsi ma profession", dit-il.
Dès le début des années 1950, il édite Cartier-Bresson, Brassaï, Robert Doisneau, Jacques-Henri Lartigue.
"On dit quelquefois que j'ai découvert Cartier-Bresson. Surtout pas. Il avait déjà publié. Je suis allé vers lui, on a tout de suite sympathisé, il est resté un de mes grands amis. J'ai fait pour lui toutes les expositions que je pouvais faire, je ne sais plus combien, et publié une quinzaine de ses livres".
Il publie aussi le mythique "Les Américains" de Robert Frank en 1958, prend en 1955 la direction artistique de la revue d'art "L"oeil", dont il trouve le titre.
Delpire va ensuite ouvrir une galerie, créer une agence de publicité, produire des films de William Klein et créer Photo Poche.
"L'histoire a commencé par un échec", dit-il. "J'ai été très tôt préoccupé par le fait de faire des livres accessibles à tous". Une première collection est lancée, mais s'arrête vite, encore trop compliquée à produire.
Les leçons sont néanmoins retenues pour le futur Photo Poche qui naît en 1982 quand Robert Delpire prend les rênes du Centre national de la Photographie, nommé par le ministre de la Culture Jack Lang.
Photo Poche compte aujourd'hui 150 titres, sort en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne. "Je viens de signer avec le Japon", ajoute +Bob+.
Le "travail de l'éditeur, c'est de valoriser le travail des autres", dit Robert Delpire, un "travail non seulement d'équipe, mais de connivence. Je n'ai jamais publié quelqu'un qui ne m'intéressait pas".
Robert Delpire, qui voulait intituler son exposition +Mille Mercis+, veut d'abord rendre hommage aux autres. A son épouse la cinéaste Sarah Moon, et à son grand ami l'illustrateur André François qu'il présente à Arles.
Faire connaître les grands illustrateurs est le nouveau combat de l'éditeur, "scandalisé" de les voir souvent dédaignés. Il vient de créer +Poche illustrateur+, avec Gustave Doré, Daumier ou Saul Steinberg au catalogue. "J'ai une liste de 40 noms, même plus. Il y a des chefs-d'oeuvre absolus qui sont négligés", dit-il.