Edouard Hannon Russie 1883
Hôtel Hannon 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique
Stéphane G. Schollaert élabore un univers intemporel, avec sa façon tout à fait personnelle d’aller à la quintessence des choses comme s’il s’agissait de décrypter l’âme des objets. Tout en ayant vécu, ceux-ci n’ont pas d’âge. Ils donnent l’impression d’être saisonniers et de revivre avec la lumière qui les caresse à tour de rôle comme le bouquet de tulipes blanches du printemps, la vasque aux plantes vivaces l’été, le panier de pommes jaunes en automne, le parapluie noir prêt à être déployé pour l’hiver. Et puis tous les autres dont la lumière saisit les moindres nuances, glissant sur les verres martelés, les bois polis, les livres audacieusement empilés ou les cannes en bois sculpturales.
Ce délicat travail sur la lumière, mais aussi sur les transparences, sur les ombres et sur les formes, notamment par les différents plans qu’il parvient ainsi à créer, fait bien sûr songer à la tradition classique de la photographie des années trente et cinquante. Cependant on est surtout frappé par l’exceptionnelle maîtrise de la lumière, qui, à la différence de l’éclairage, rend les choses et les objets si vivants qu’on peut en décrire les couleurs de la façon la plus naturelle qui soit. Ces photographies irradient d’une puissante intensité lumineuse qui crée l’ambiance particulière de ces images chaleureuses mais néanmoins rigoureuses. La fantaisie est ici maîtrisée par l’émotion, l’anecdote s’efface devant la suggestion.
L’ombre créée par la lumière naturelle recèle cette puissance directe qui en fait un élément à part entière de la photographie, qu’il s’agisse de personnages ou d’objets. De façon plus abstraite, sa densité peut également être utilisée comme le corps même de l’image. Celle-ci est alors approfondie en zones monochromes parfois structurées en croisillonnages déportés ou encore dédoublée en détails projetés. Les noirs profonds le disputent aux blancs éclatants et la transparence du verre à l’opacité presque tangible des autres matières.
Dans cette oeuvre photographique aboutie, l’éloquence de l’ombre se veut tactile, tout comme le silence de la lumière s’appréhende de façon visible.
Bernard Marcelis
Extrait du texte du livre Stéphane G. Schollaert, Emotions et Lumières (voir présentation p. 6)