le vendredi 5 juin 2009, à 13h45
au Mémorial des Reporters à Bayeux (Calvados)
Bd Fabian Ware – accès rue de Verdun
59, c'est le nombre de journalistes tués en 2008. Leur nom est gravé à jamais dans la pierre à Bayeux, au Mémorial des reporters.
Patrick GOMONT, Maire de Bayeux et Jean-François JULLIARD, secrétaire général de Reporters sans frontières dévoileront la stèle 2008 du Mémorial des reporters en présence de :
* Déo Namujimbo, frère de Didace Namujimbo, journaliste de la République démocratique du Congo assassiné le 21 novembre 2008
* Roza Malsagova, rédactrice en chef du site internet www.ingushetiya.ru, collaboratrice de Magomed Yevloyev, créateur du site internet, assassiné le 31 août 2008, en Russie.
L’année 2008 a connu moins de professionnels des médias traditionnels tués ou arrêtés : Reporters sans frontières dénombre 59 journalistes tués, contre 87 en 2007. Les chiffres sont certes moins élevés, mais la situation de la liberté de la presse dans le monde ne s’est pas améliorée pour autant. Cette baisse masque mal une généralisation de l’intimidation et de la censure, y compris en Occident, ainsi qu’un raidissement des gouvernements les plus autoritaires.
Si certaines situations se sont effectivement améliorées quantitativement, cela est parfois dû au découragement des journalistes eux-mêmes, qui prennent le chemin de l’exil ou renoncent à leur métier. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas dire qu’une soixantaine d’assassinats, des arrestations par centaines et des actes de censure généralisés soient un motif d’optimisme.
DIDACE NAMUJIMBO
Didace Namujimbo a été abattu d’une balle dans la tête le 21 novembre 2008 alors qu’il rentrait chez lui à Bukavu. Il avait 34 ans et laisse une veuve et deux orphelins.
Didace Namujimbo est le deuxième journaliste de Radio Okapi à être tué à Bukavu. Le 13 juin 2007, Serge Maheshe, secrétaire de rédaction de cette station soutenue par la Fondation Hirondelle et les Nations Unis, avait été tué devant son domicile par des hommes en armes.
MAGOMED YEVLOYEV
Magomed Yevloyev, citoyen russe, était propriétaire du site d’informations www.ingushetiya.ru consacré à la situation sécuritaire dans l’une des républiques russes du Caucase, l’Ingouchie. Il vivait à Moscou, pour des raisons de sécurité. Il est mort alors qu’il se trouvait entre les mains des forces de l’ordre ingouche.
Le 31 août 2008, à son arrivée à l’aéroport de Nazran (capitale de l’Ingouchie), il a été immédiatement interpellé par des agents du ministère de l’Intérieur, qui l’attendaient à sa descente de l’avion. Le parquet russe a déclaré que sa mort, d’une balle dans la tête, était un accident.
Magomed Yevloyev et le site qu’il avait créé étaient particulièrement critiques à l’égard de l’ancien président de la petite république d’Ingouchie, Murat Zyazikov. Il dénonçait régulièrement la corruption des autorités locales et questionnait la politique du Kremlin dans le Caucase.
Le site www.ingushetiya.ru a pour rédactrice en chef Roza Malsagova, qui a demandé l’asile en France au début du mois d’août 2008. Le site est bloqué en Ingouchie et les autorités ont demandé son arrêt.
2035, c'est désormais le nombre de noms gravés dans la pierre sur les stèles du Mémorial des Reporters.
Pour que les noms des journalistes tués dans l'exercice de leur fonction ne soient jamais oubliés, ce Mémorial, unique en Europe, rend hommage aux reporters tués dans le monde depuis 1944.
Aux côtés des cérémonies du 65ème anniversaire du Débarquement, Bayeux, première ville libérée de France, rend ainsi hommage à tous ceux qui, hier et aujourd'hui, en tant que soldats, civils et journalistes, ont payé ou paient de leur vie le prix de la liberté.