Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
La galerie Esther Woerdehoff est heureuse de présenter le nouveau travail de Carla van de Puttelaar, publié en 2008 sous le titre « The Beholder’s Eye » .
Inspirées des figures allongées du peintre Lucas Cranach l’Ancien, les nouvelles images sont marquées par la beauté délicate qui caractérise tout le travail de cette photographe hollandaise.
Les modèles de Carla van de Puttelaar ne sont pas parfaits, même s’ils donnent cette impression à première vue. Du fait que la couleur de la peau ait été blanchie à dessein, les corps font penser à des statues peintes, bidimensionnelles, en marbre quelque peu translucide ou en albâtre. Mais les détails, ce sont les petits défauts de la perfection que la photographe salue avec joie. Une écorchure, la rougeur d’un talon, la chair de poule, des cils singulièrement raides, un grain de beauté ou mieux encore un motif de grains de beauté sont accueillis par l’artiste comme un présent du ciel. Elle-même dirait : un petit cadeau. Avec elle, une auréole peut devenir un paysage énigmatique. Toutes ces atteintes à la perfection de l’épiderme seraient effacées en un tour de main par d’autres photographes. La retouche répond à l’aspiration romantique d’une apparence physique surnaturelle, quasi divine, tandis que Carla van de Puttelaar recherche au contraire ce qu’il y a de particulier chez les femmes qu’elle choisit pour modèles.
Des turbulences se forment dans la tête du spectateur qui contemple ces photos. S’il est enclin aux associations automnales, il pourrait voir, dans ces nus étendus, représentés en pied, précisément en raison de cette pâleur relative, de ces yeux clos, et du noir profond en arrière-plan, l’ombre de la Camarde. Mais il s’agit d’une leurre. Sur les photos de Carla van de Puttelaar, les femmes gardent leur personnalité, elles posent – l’une plus ouvertement que l’autre. Elles vivent.
A l’occasion du 75ème anniversaire de l’artiste, la galerie Esther Woerdehoff est heureuse de présenter quelques clichés parmi les plus importants du parcours photographique de Monique Jacot. S’il y a dans la photographie suisse de l’après-guerre un « regard féminin », c’est celui de Monique Jacot.
Toutes ses photos exhalent la tendresse. Son univers d’images est paisible, toujours proche de la nature morte, même s’agissant d’êtres humains. Dans sa singularité, elle paraît souvent mélancolique, voire élégiaque. Ce sont presque des regards obliques, un peu timides, malgré une grande audace formelle. Ce « regard de côté » ouvre des perspectives surprenantes, et il est assez rare que le centre domine. Les marges sont importantes, vers où s’étend l’espace de l’insignifiant, de l’accessoire. Les obliques et les diagonales déterminent le plus souvent les compositions – l’axialité est synonyme de masculin. Mais plus encore, c’est vers l’intérieur qu’elle regarde. Ce ne sont pas seulement « les paysages » qui se transforment en « intérieurs », ce sont les intérieurs eux-mêmes et les objets qui se voient accorder une sorte de seconde vie. Cette introspection est peut-être sa spécialité, son « arme magique ».
Kumi Oguro développe une oeuvre photographique originale, dans laquelle des personnages féminins rentrent dans un dialogue aliéné avec leur environnement. Elle crée ses images avec soin, en accordant une attention toute particulière à l’utilisation de la lumière et du détail. L’artiste semble capter ses sujets en images juste avant ou après que quelque chose d’absurde ou de tragique leurs soit arrivé. Souvent les photographies de Kumi Oguro sont composées à la manière d’une peinture classique; le spectateur se retrouve alors devant une photographie qui pourrait lui rappeler un Vermeer et la manière dont le peintre utilisait la lumière pour créer des effets dramatiques. Seulement chez Kumi Oguro, l’image a le cadrage non-conventionnel d’une captation par surprise ...
Kumi Oguro ne cherche pas à tout prix l’innovation ou le spectaculaire, elle trouve son inspiration dans la représentation classique, qu’elle déplace et enrichit à sa propre guise.