Paul Almasy

Paul Almasy

#Photographe #Incontournable
Paul Almasy est né en 1906 à Budapest, d'un père juif et d'une mère de la haute aristocratie hongroise, Paul Almasy se passionne tout jeune pour les livres d'images. Il étudie les sciences politiques à Vienne et à Heidelberg et décide de se consacrer au journalisme. En 1925, sa première mission de correspondant l'entraîne au Maroc pendant la révolte d'Abd el-Krim. Désormais, les reportages vont se succéder dans tous les pays européens, en Afrique et en Asie.

Ses premières photographies

En 1935, Almasy part pour l'Amérique latine, où il fait son premier reportage photographique sur l'Institut qui fabrique du sérum à partir du venin des serpents à Sao Paulo. Pour le journal Berliner Illustrirte Zeitung, il se charge d'un reportage sur l'entraînement des athlètes finlandais en vue des
J.O. de 1936. Le rédacteur en chef découvrant ses images s'exclame "Tu photographies avec l'esprit d'un journaliste et non avec celui d'un photographe". La photographie lui apparaît alors comme une nécessité pour illustrer efficacement ses articles.
Dès 1936, le plus grand éditeur suisse Ringier & Cie qui publie le Schweizer Illustrirte Zeitung lui propose de diffuser ses photographies dans la presse allemande et suisse. Cette collaboration durera 45 ans.
Correspondant de la presse suisse pendant la guerre, il poursuit son activité. "Je n'ai photographié que les conditions de vie des populations".
Comme Walker Evans ou Dorothea Lange pour le projet de la Farm Security Administration lors du New Deal, Almasy s'applique à montrer la détresse humaine.
Au lendemain de la guerre, il est chargé d'études sur la réorganisation de la vie économique en Europe. Paul Almasy s'établit définitivement en France en 1946. Dès 1947, il interview les chefs d'état de Palestine, Syrie, Liban et Irak, puis Eisenhower, le Négus, Charles de Gaulle, Konrad Adenauer et écrit la biographie de Madame Vincent Auriol en 1948 et de la reine Frédérika de Grèce en 1952. Son regard de portraitiste se pose sur des personnalités
artistiques comme Breton, Chagall, Giacometti.

Témoin de la condition humaine

Dès 1952, il devient collaborateur accrédité auprès des organisations internationales des Nations Unies : UNESCO, OMS, UNICEF, FAO et Bureau International du Travail.
Dans la lignée de l'engagement de photographes comme Eugene Smith, Almasy parcourt le monde et rédige de grands récits historiques pour la presse. Il photographie la "condition humaine", en y inscrivant une haute valeur morale.
En 1953, Almasy mène une étude sur le problème racial en Afrique du Sud ainsi que sur la condition des femmes dans plusieurs pays.
Il fait un reportage sur les aspects du problème de la drogue en Asie et la vie des Esquimaux pour l'OMS. D'Alaska, il part et traverse longitudinalement le continent américain ce qui le conduit jusqu'en Terre de Feu en 1962. Partout où ses pas le mènent, il découvre que l'enfant est le miroir le plus pur de l'âme humaine. Ses portraits d'enfants sont des témoignages de rencontres fortes émotionnellement comme celui de ces deux petites Colombiennes, sa photographie préférée.

"En tant que photographe, mon intérêt principal réside dans les gens et dans ‘la condition humaine', dont j'essaie de dresser un portrait sans concession. Quoi qu'il arrive, je reste fermement fidèle à la réalité ; je ne sacrifie pas la vérité pour le bien de la qualité technique … Un photojournaliste est une sorte d'historien, et un historien ne doit jamais mentir" Almasy préfère utiliser le format 6x6 du Rolleiflex pour faire ses photographies sans que personne ne s'en rende compte. Il se fait oublier. Il raconte "Je joue un peu la comédie. Pour détourner l'attention, je regarde ma montre, je prends l'air d'attendre quelqu'un…"

Les images d'Almasy trouvent un écho dans la presse qui alors fait une large place au reportage. La photographie réalisée au Paraguay "L'ouvrier chez le percepteur" a fait l'objet de 27 publications. Almasy explique son choix éthique. "Je fus frappé du contraste entre ce percepteur avec ses chaussures noires, bien brillantes et ce pauvre bougre qui se tortillait avec ses pieds nus. Alors je me suis baissé un tout petit peu et j'ai fait la photo.
Ce qui a séduit les agences et les rédacteurs, c'est que je visualise un conflit social avec des éléments aussi inhabituels."

Théoricien du Photojournalisme

En 1956, année où il prend la nationalité française, il participe à la fondation des Gens d'images, association de photographes créée par Albert Plécy. Au début des années 1960, Almasy crée les archives photographiques du Togo sur commande du gouvernement. A partir de 1973, il enseigne le
photojournalisme en particulier au Centre de Perfectionnement des Journalistes et publie un ouvrage de référence théorique "Photographie, Moyen d'information" (éditions Téma, 1975).
"Le photojournaliste ne doit pas seulement montrer des choses, mais ses photographies doivent également dire des choses. Le tout avec impartialité."