Olivier Mirguet

Olivier Mirguet

#Photographe
Olivier Mirguet, a entamé depuis trois ans un travail photographique sur les lieux de représentation du pouvoir. Une série consacrée à la Corée du Nord, en 2002, en constitue le point de départ. Elle a reçu le prix du World Press Photo, en 2003. Elle est présentée pour la première fois sous forme d'exposition au Tri Postal à Lille. Ce jeune photographe achève un travail sur le Maroc, où d'anciens opposants au régime de Hassan II l'ont conduit sur les traces des prisons secrètes du pays. Le photographe a rassemblé des vues de façades et de bâtiments anonymes et inquiétants par leur façon de masquer et de suggérer un drame. Dans un autre série, Olivier Mirguet explore les couloirs vides de la Maison de Radio France, où il travaille comme journaliste depuis 1998. Cette forteresse de l'information, édifiée en 1963, qui se présente sous la forme d'un bâtiment circulaire, avec une tour au centre. Nous sommes là dans le système du panoptisme (voir sans être vu) que Michel Foucault décrit dans " Surveiller et punir " comme le mode d'enfermement idéal et le lieu classique d'exercice du pouvoir. En Corée, Olivier Mirguet développe sa réflexion photographique sur l'idée d'enfermement, de surveillance, du pouvoir visible et caché. Il raconte : " La Corée du Nord n'aime pas les photographes. Pourtant le régime le plus fermé du monde aime les images. Elles sont la base de la propagande. Qu'y a-t-il à voir dans ce " paradis socialiste " ? Rien de ce que recherche le journaliste : le peuple affamé, les prisons politiques et les centrales nucléaires. Ces images n'existent pas ; pas encore. Le visiteur, en Corée du Nord, ne peut pas échapper à la surveillance. Il lui est conseillé de photographier tout ce qui fait la gloire du régime. En y allant, j'ai accepté de devenir un photographe de propagande. J'ai systématiquement recherché les traces du pouvoir, au delà des évidences des slogans révolutionnaires et des portraits omniprésents de Kim il Sung. Avec en tête cette interrogation : Comment les individus prennent-ils place dans cet espace collectivisé et opprimé ? J'ai ainsi reconstruit une réalité, celle qui s'offrait à moi. Elle n'en est pas moins terrible. "