Une certaine photographie actuelle roule sa bosse et charrie sa masse critique par ses auteurs mêmes. Elle descend les escaliers de la vision pure, en se retournant sur elle-même à chaque marche, tout en gravissant les pentes empruntées, parfois jusqu’à l’usure, par des faiseurs d’images déjà référencés par l’histoire, voire quelquefois par ceux qui gisent abandonnés aux précipices de l’oubli. Elle va son chemin sans craindre des pas de côté vers des lieux communs qu’elle s’approprie et surclasse, et des écarts qui alternativement relèvent de jeux conceptuels ou de formes plus plastiques.
Autonome, fière et discrète à la fois, elle se ramifie en une...
Cette exposition collective explore la troisième dimension de l’image, sa face cachée, ses plis et ses creux, réels ou symboliques ; un hors-champ encore/déjà là, qui pourrait échapper à la représentation et qui contient des informations, des potentiels fictionnels ou plastiques insoupçonnés. Les œuvres rassemblées font vaciller la fixité du point de vue, la posture d’observation, et proposent de bouleverser l’ordre des choses ; rien n’est figé, comme un battement.
Juliana Borinski, Between Humiliation and Happiness (e,f), 2013 Photogramme noir et blanc, 65,5 cm x 55 cm Courtesy Galerie Jérôme Poggi, Paris
Tandis que, dans l’usage commun, les photographies aboutissent le plus souvent à une forme « dématérialisé...