Le travail de Bertille Bak s'articule essentiellement autour de la notion de communauté ; des rites, des objets et des architectures qui la lient, la maintiennent et la font vivre. Petite-fille de mineur, elle s'est profondément intéressée aux cités minières du Nord, vouées à disparaître. S'intégrant dans la communauté durant plusieurs mois, vivant au contact des habitants, elle a adopté une attitude proche de la démarche ethnologique. Elle a ainsi suivi les réunions de quartier et l'avancée de la démolition des maisons ou récupéré des objets de l'habitat comme des portes ou des numéros de maison. Poursuivant cette sorte d'archivage des cités, elle a entrepris un vaste répertoriage des façades de maison, qu'elle dessine sans relâche avant leur destruction. Bertille Bak n'envisage pas son action uniquement comme un relevé du réel (documentaire), comme en témoignent ses vidéos. Elle a en effet tourné plusieurs films dans les cités minières, où elle propose aux habitants de (re)jouer des scènes observées dans la ville ou d'autres totalement inventées. Entre scènes fantasmatiques - un homme essaie de voler - et plans plus documentaires, où des habitants parlent par exemple d'art, on perçoit à la fois une profonde empathie entre l'artiste et les habitants-acteurs, et une distance qui laisse place à l'humour, à la légèreté, à la dérision. Souhaitant par ailleurs interroger la réception de l'art par les habitants, tout en posant la question de la communauté, du rite et du cliché, elle a notamment engagé une série de tapisseries : les canevas reprennent les grandes icônes de l'histoire de l'art, et sont brodés tour à tour par les membres de la communauté. L'artiste retisse ainsi, au propre comme au figuré, du lien social et redonne un sens à ce groupe autrefois uni par le travail. Porté par des préoccupations sociales ainsi qu'une manière de « devoir de mémoire », le travail de Bertille Bak se fait parfois militant, et se prend à rêver de changement… Pas de lourdeur toutefois, car les incongruités, les fictions, l'humour et la dérision évitent tout atermoiement et inscrivent clairement ces œuvres du côté de l'art et non du documentaire sociétal. Bertille Bak est actuellement à un tournant de son œuvre : après avoir travaillé durant plusieurs années sur le Nord et les communautés minières, elle s'intéresse désormais à d'autres communautés - une troupe de cirque, des nonnes dans un couvent, et même une colonie de fourmis, attirée toujours par cette question du « vivre-ensemble » et de l'altérité. L'exposition au CRAC Alsace témoigne de ce tournant et présente à la fois des œuvres anciennes et des œuvres conçues spécialement pour l'occasion.
Bertille Bak
née en 1983 à Arras, vit et travaille entre Paris et Tourcoing.
Expositions personnelles
2008
— Espace expérimental du Plateau FRAC/Île-de-France
2006
— Là-bas, art gallery of silpakorn, Wang Tha Phra, Bangkok, Thaïlande
Expositions collectives (sélection)
2009
— En somme, vestibule de la Maison rouge, avec Perrine Lievens pour le prix Hiscox Start, Paris
— Passage à Faune, Crac Alsace, Altkirch
— Insiders, CAPC de Bordeaux
— Lab-Labanque, Béthune
2008
— Perdu/Gagné, Festival Photos et Légendes
— Hospitalités 2008, fédéré par le réseau TRAM
— Palimpseste un bon prétexte, galerie Xippas, Paris
— Panorama 9-10, Le Fresnoy, Tourcoing
— dix-7 en zéro-7, Ensba, Paris
— Project room, galerie Catherine Bastid, Bruxelles
2007
— Maison Européenne de la Photographie pour la remise du prix Gilles Dusein, Paris
— Pression à froid, Couvent des cordeliers, Paris
— Présence vidéo, l'orangerie de Cachan
2006
— la PACA au château de la tuffière, Angers
Formation
2007 / 2008 Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains
2007 Diplôme de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, félicitations du jury
Prix
2008 prix Hiscox Start
2007 prix Gilles Dusein / Neuflize Vie