ALAIN DISTER est né en 1941, vit et travaille à Paris
Je suis né le 25 décembre 1941. Trois semaines après Pearl Harbor. Sept mois après Bob Dylan. Ma famille habitait un coin tranquille de la banlieue ouest. C'est là que j'ai passé les vingt premières années de ma vie. J'ai commencé à voyager assez tôt. Mon père travaillait en Afrique, et nous allions le rejoindre pour les vacances. J'ai ensuite passé deux ans à Madagascar, aux bons soins de l'armée. Entre 1966 et 1969, j'ai vécu la plupart du temps en Amérique. C'est là que je me suis mis sérieusement à la photographie, et à l'écriture. Auparavant, j'avais davantage de goût pour la peinture et le dessin. C'est d'ailleurs en en vendant que j'ai d'abord survécu en Californie. La chance m'y a fait rencontrer des gens merveilleux, proches de la communauté Family Dog. Dès 1967, j'envoie des articles et des photos à Rock&Folk sur la scène hippie du Haight-Ashbury, où j'habite. De retour en France, je travaille de manière plus soutenue pour la presse rock, tout en produisant des émissions de radio, des films documentaires pour la télévision, des expositions de mes photographies et des biographies de héros du rock'n'roll, bon prétexte pour les approcher et leur tirer le portrait. Tout en appréciant leurs prestations en concert, je me suis de plus en plus intéressé au public, à l'évolution toujours changeante des styles et des attitudes. J'ai assez vite réalisé que cela faisait un meilleur sujet que le type, là-haut, sous les projecteurs. Cette approche demeure l'une de mes préférées, au même titre que me balader sur la route et flâner dans des cités lointaines. Récemment, mon écriture s'est orientée vers quelque chose de plus personnel, sous l'influence de mes amis de la Beat Generation. Mon travail photographique prend le même chemin, bien que j'aime encore tourner autour d'un thème, par exemple les gens vivant dans les marges de la société - en toute compassion. J'ai quand même trouvé du temps pour me marier (deux fois), avoir un enfant qui m'a fait deux petits enfants, une fille adoptive, et une vie de famille presque normale. Surtout lorsqu'il s'agit de partager de bons moments, dans notre ferme de Bourgogne.