Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
A l’heure où, à l’échelle mondiale, les peuples traditionnellement nomades sont contraints de se sédentariser sous l’effet des pressions économiques et politiques, de jeunes Européens ont choisi de faire du voyage un mode de vie et un idéal, se coupant de leurs racines et de leur milieu d’origine.
"Anciens beatniks, punks, rainbow people, routards ou autres communautés issues du mouvement hippie, ont en commun, par delà leur diversité, d’avoir renoncé à nos standards de vie au profit d’une spiritualité, d’une authenticité qu’ils ne trouvent pas dans nos sociétés de consommation, d’une liberté spatiale et temporelle que la route seule leur apporte avec son horizon toujours renouvelé.
Depuis dix ans, Patrick Mourral les rejoint durant six mois chaque année pour partager leur vie au gré des festivals, des raves, des rassemblements éphémères qui se constituent au bord des chemins d’un bout à l’autre de l’Europe, et pour documenter cet archipel mouvant qui lui est totalement familier.
Dans sa série Néonomades, il a concentré son attention sur ce symbole de leur vie errante : leur moyen de déplacement qui est en même temps leur habitat.
De la roulotte traditionnelle au camion ou à l’autocar bricolés, du camping car à la yourte ou au tipi, tous sont les fruits d’une éthique de la récupération mais surtout d’une ingéniosité, d’une imagination qui emprunte aussi bien aux traditions du nomadisme qu’à leur créativité personnelle.
En photographiant ces nouveaux nomades seuls ou le plus souvent en famille, devant ou dans leur véhicule qui tient du cocon ou du nid, Patrick Mourral réalise des portraits en situation qui sont autant de mises en tableaux, généralement frontales, où se lisent les relations affectives qui les lient aux personnes, aux animaux, aux choses. Le rapport d’intimité et même de complicité que Patrick Mourral entretient avec ses modèles n’implique nulle intention laudative ou prosélyte. Il témoigne sincèrement, sans effet ni anecdote, d’un nouveau mode de vie tribale fondé sur le partage, d’un désir de vivre ses rêves maintenant plutôt que de rêver sa vie. En pleine crise économique, ces photographies acquièrent une force particulière : ces visages sereins semblent presque insolents, cette plénitude, presque une provocation."
J.-C. F.