Galerie Frederic Moisan 72 rue mazarine 75006 Paris France
Ce poète de l’image compose sa vie au rythme de voyages à travers le monde. C’est sur la route des monastères cisterciens que Tomohiro Muda capture quelques instants, quelques silences... l’acte photographique s’érigeant, ici, en véritable action de grâce.
Le jeu des clairs-obscurs structure et découpe le champ visuel en un véritable théâtre d’ombres où chaque incidence lumineuse participe à la réinterprétation de l’espace. Sans hésitation, avec une évidence naturelle, l’artiste trouve l’angle juste, et finit par faire corps avec le sujet photographié supprimant la distance du spectateur.
D’elles-mêmes, ces images s’imposent en toute humilité, exprimant l’essence-même du lieu revisité au point d’en transcender la réalité.
Les photographies de Tomohiro Muda ne témoignent d’aucune présence humaine tangible. Pourtant la vie est là, palpable, omniprésente, gonflant le vide d’une force magnétisante. Dans ce travail photographique intimiste, l’artiste exprime de profondes préoccupations qui touchent à l’essence même de la vie. Le vocabulaire pictural, totalement dépouillé d’artifices, s’offre accessible à tous.
Cette véritable expression en forme d’épure graphique devient une invitation à la méditation. Chacun peut, en effet, «se recueillir» dans ces espaces clos où s’équilibrent l’ombre et la lumière, la densité et la légèreté, la communication et l’isolement, la présence et l’absence, le plein et le vide. C’est bien l’expression plastique de nos existences contrastées que Tomohiro Muda cherche à capturer à travers ces croquis de l’âme où nait la correspondance entre l’Intime et l’Universel. Les surfaces ne sont rien d’autre que des espaces intérieurs faisant apparaître les versants opposés de l’être: l’ombre et la lumière présents en chacun de nous.
C’est dans l’expression visuelle d’une dualité que les tiraillements de l’Homme trouvent réconfort. Le contraste apaise nos propres contradictions. Les couches temporelles se superposent pour n’être plus qu’un présent continuel et infini. Délicieuse errance au creux de soi-même...
Les photographies de Tomihiro Muda se présentent ainsi sous une forme d’initiation dévolue à l’introspection et ouvrent sur des «espaces de prières». Elles exercent un véritable pouvoir de fascination où se mêlent sérénité et émerveillement. Chaque élément constituent les strates d’une lecture sublime où s’exprime l’équilibre du monde. Ainsi, formes et lumière contrastent-elles avant de se fondre en un discours plastique unique, révélateur et troublant...
Solenn Laurent