
Galerie VU' 58, rue Saint-Lazare
75009 Paris France
MACHIEL BOTMAN
Il photographie comme il respire et il a ce savoir faire incroyable d'imposer
des évidences de visions qui se concrétisent dans des tirages doux,
sensuels, vibrants.
Il photographie par nécessité intérieure, parce qu'un arbre, une lumière, un
paysage ou un visage se sont mis à dialoguer avec les sentiments qui
l'habitent autant que les questionnements qui agitent sa manière de
sagesse face à l'existence.
Il photographie avec le plaisir sensuel d'un partage de tous les jours avec
ceux qu'il aime, connaît ou découvre. Il ne se protège pas, il vit au rythme
apaisé, lent sans doute, de celui qui laisse venir les choses en espérant
qu'elles arriveront. Il est disponible, juste là, sans posture, juste capable
de s'émerveiller que, sur le négatif, reste entier le souvenir de ce qu'il
avait perçu mais qu'il doutait d'avoir capté, ou capturé. Il pense que la
photographie lui fait des cadeaux, plus que la vie peut-être. Et c'est ainsi
qu'il nous transmet des visions lumineuses d'un monde que l'on rêve de
toucher avec la même délicatesse que celle qui guide son regard.
On n'explique pas les poètes et on les commente toujours mal. Mieux vaut
en venir aux faits, à ce qui fonde cette beauté profonde non seulement des
oeuvres mais de l'attitude face au monde. Machiel Botman a toujours été
un amoureux de la vie et la photographie fait partie de la vie, de sa vie. Il a
déployé une constance rare pour exprimer cet amour en devenant un des
plus subtils collectionneurs de livres photographiques, une de ses
passions. Puis il a voyagé, aimé, et il continue, et il le montre, ce qui est sa
façon à lui de le dire. Il peut passer dix années à travailler la maquette de
“Rainchild” pour offrir un des livres les plus aboutis et authentiques des
dernières années. Il peut refaire vingt fois des maquettes de livres qui
n'existeront pas et nous ne pouvons que le remercier d'accepter de les
montrer.
Il a le talent de sa discrétion, la générosité de son incapacité à tricher, le
rire le plus énergétique qui soit et la vraie élégance de ceux qui pactisent
avec le temps et ne l'affrontent pas. Cela vient certainement de cette façon
unique qu'ont les vrais musiciens, ce qu'il est, à vivre, inventer et faire
partager le tempo. Paradoxalement, les photographies incroyablement
silencieuses de Machiel Botman sont traversées de rythmes musicaux,
exigeants et doux.
JOSÉ RAMON BAS
José Ramon Bas est un voyageur. Et il se trouve qu'il photographie. Qu'il
prend des notes, impressionnistes, de ses déplacements qui mènent un
jeune catalan toujours plus au Sud, à Cuba ou en Afrique, ou au Brésil.
Mais les lieux importent peu, finalement - sauf pour lui, pour les ailleurs qu'il
désire - tant l'essentiel tient dans une idée du voyage comme expérience
solitaire des espaces, des lieux, des lumières et des gens. Une façon de
voyager, donc, qui n'a rien à voir avec les actuels déplacements en masse
des voyages organisés, ni avec la consommation des monuments, ni avec
un quelconque exotisme. Mais une façon de se laisser aller au bonheur des
surprises, souvent avec des enfants sur les plages ou dans l'espace qu'ils
structurent de leur présence.
Sa photographie n'est pas, non plus, ce qu'il est convenu de qualifier de
«photographie de voyage» : elle ne décrit pas, elle ne se structure pas
comme un journal, comme un récit, même si elle a quelque chose de
littéraire. En carré, en rectangle ou en panoramique, elle se contente
d'enregistrer des instants qui, au départ, n'ont d'importance que pour celui
qui les a vécus, qui en a été ému, et qui veut faire partager cette émotion et
ses étonnements.
Au retour, la mise en forme, qui prolonge la liberté du voyage tel qu'il a été
pratiqué, est à la fois instinctive et rigoureuse. Car, après la sélection des
images, José Ramon Bas se consacre à la fabrication d'objets, de pièces
uniques, toutes différentes même si elles peuvent être issues d'un même
négatif. Il ne sacralise pas le tirage qu'il va, en fonction de l'humeur du
moment, couvrir d'écriture ou simplement marquer de quelques signes, ou
encore souligner au crayon sur les marges.
Il réalise ensuite des inclusions sous résine de ces images pour les
transformer en des parallélépipèdes qui tiendront parfaitement le mur de
leur épaisseur. Comme de petites - ou plus grandes - sculptures murales qui
transmettent, parce qu'elles la supportent, l'idée du voyage égotiste.
Christian Caujolle
Jeudi 21 avril 2005
de 18h à 21h
en présence de l'artiste.
Galerie pour la photographie
www.galerie-vu.com
> Groupe Abvent
2, rue Jules Cousin - 75004 Paris
Tél. : 33 1 53 01 85 81
Fax : 33 1 53 01 85 80
e-mail : gilou@abvent.fr