Galerie Albert Benamou 7 rue Froissart 75003 Paris France
Hong Hao est un des artistes précurseurs de la scène artistique contemporaine chinoise. Né à Pékin en 1965, il sort lauréat de l’académie centrale des beaux-arts de Pékin en 1989.
Vers la fin des années 1990, Hong Hao réalise des sérigraphies intitulées ‘Selected Scriptures’ qui ressemblent aux pages des cartes d’un ancien atlas chinois. Il essaie avec ironie de modifier notre perception conformiste en y introduisant des changements et en ajoutant des détails fantaisistes. Ces touches humoristiques sont empruntées à la philosophie, la médecine, l’idéologie ou la consommation, et sont traitées avec une méticuleuse attention au détail.
Artiste complet, Hong Hao inaugure sa série photographique en 1999 avec « Tour Guide » où il se met en scène comme guide au milieu d’un groupe de touristes occidentaux sur la grande muraille de Chine ou au milieu de la place Tienanmen dans le but d’établir un relais entre les cultures.
Dans « Monsieur Hong » et « Monsieur Gnoh » il pose dans des environnements kitsch aux décors chargés et excessifs en réponse à la récente déferlante consumériste qui touche la Chine, et dont les signes extérieurs de richesse sont étalés de façon ostentatoire.
C’est en 2001 que Hong Hao commence la désormais célèbre série ‘My Things’, dont la Galerie Albert Benamou présente les photographies du 2 au 25 Avril 2009. dans cet ensemble Hong Hao entreprend une carte de son propre monde tout en mettant en avant la Chine actuelle, en utilisant toutes sortes d’objets amassés durant ces dernières années ou collectionnés lors de ses virées à Panjiayuan, marché aux puces de Pékin. L’extraordinaire étalage de biens est soigneusement classifié par forme et par genre : documents privés, produits de consommation courante, livres d’art, catalogues d’exposition, cheveux, et un innombrable amoncellement de devises comme dans 55 976, toutes individuellement scannées une à une, puis harmonieusement rassemblées et figées à jamais, réduisant ainsi ces objets colorés à leur plus simple matérialité. Seuls la forme et les aspects superficiels des objets y sont conservés.
Les Nouveaux Réalistes pendant les années 1960 en France avaient déjà tenté une approche critique de la société industrielle et ses dangers en accumulant des objets manufacturés et des déchets, mais cette fois-ci l’artiste fait le catalogue de ces richesses dans lesquelles l’image du produit et son regroupement obsessionnel devient un objet de désir en soi… il se contente de disposer les pièces entre elles comme un « all-over » et utilise le mode sériel pour en accroître l’impact et le déferlement décoratif.
La série ‘My Things’ avec ses couleurs vives et son chaos organisé, met en exergue le rythme trépidant de la Chine et souligne la position difficile et une certaine obscénité de la société de consommation chinoise. Sans moralisme, Hong Hao se fait le prophète d’une société en perte de signifiant, obsédée par le matérialisme et qui a rompu avec ses valeurs traditionnelles. Les récents évènements mondiaux ont révélé les limites de ce fonctionnement et mettent en garde les abîmes dévastateurs qui peuvent en résulter.
Il semble que l’innocence et le droit du peuple chinois soient une fois de plus insidieusement exploités pour d’autres raisons politiques, mais cette fois-ci, se rapprochant de nos bons vieux débats occidentaux.