Librairie Photographique 17, rue de la Villette 75019 Paris France
« La connaissance des villes est liée au déchiffrement de leurs images proférées comme dans un rêve. »
(Siegfried Kracauer)
Depuis l’année 2000, l’exploration des villes et des espaces suburbains constitue le cadre formel de mes projets photographiques ; si d’autres régions du monde sont progressivement étudiées, les Etats-Unis en sont le principal territoire de recherches. Intitulé Impressions Ville, le travail engagé jusque là a permis de développer des champs thématiques différents qui se sont révélés au gré de mes périples et de l’évolution de mes intérêts pour la diversité urbaine. Ainsi Impressions Ville reste une démarche photographique évolutive, ouverte à de nouveaux axes d’étude du monde citadin et pouvant inspirer de nouvelles orientations artistiques.
Théâtres de mixités où coexistent une infinité de genres, les villes ne cessent de me fasciner. Architecture, végétaux, humains, objets, véhicules, climat : autant de protagonistes qui se répondent dans une trame d’énergies multiples pour former un organisme aussi complexe qu’énigmatique. Dans ces ensembles, les photographies que je réalise cherchent à révéler, sans véritable hiérarchie, les disparités et les harmonies de ces composantes urbaines, ainsi que leurs interactions. Dans une intention documentaire, elles abordent aussi l’idée de confusion ou de fragile sérénité, de passage et de flux, parfois de solitude, évoquent le vide temporaire et le rapport à l’espace, voudraient affirmer une certaine poésie du quotidien et redire la diversité du peuplement urbain. Certaines images visent également à montrer que l’identité propre à une ville peut tendre à se diluer dans des codes de plus en plus normalisés, rendant parfois difficile la distinction entre les villes, d’un pays à l’autre. Ainsi la démarche de Impressions Ville est d’offrir plusieurs niveaux de lecture du monde citadin, en alternant proposition esthétique et regard sociologique.
Les photographies sont prises en films négatifs couleur à l’aide d’un appareil moyen format 6x6cm, puis sont tirées selon la méthode classique en agrandisseur, sans qu’aucune retouche ne soit apportée ensuite. Outre les raisons liées à la définition du support, l’utilisation du moyen format offre un contact immédiat et pacifique avec le sujet, autant qu’il permet une observation de longue durée et une bonne appréhension des évènements hors-champs. Selon moi plus propice à une vision globale, le format carré n’impose pas de sens de lecture (verticale / horizontale) et offre beaucoup de liberté dans la composition.
La couleur et la lumière interviennent largement dans le processus de réalisation. Elles peuvent être l’origine d’un premier constat visuel, d’un choix de cadre ou de la révélation d’un sujet. Si la première répond à un désir d’objectivité, la seconde peut influer sur l’interprétation d’une scène. Enfin, l’attention portée à ces deux paramètres photographiques rappelle les dualités et les liens entre le fond et la forme.
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