Centre culturel Coréen 2, avenue d'Iéna F-75116 Paris France
Je serais heureuse de vous présenter mon travail photographique et vidéo au Centre Culturel Coréen pour l’exposition « schize et frontières » qui s’est composée autour d’un questionnement sur la possibilité d’une image comme traversée.
L’image est passage au-delà de la schize, cette nécessaire séparation entre le monde et soi aux limites fluctuantes. Elle se constitue dans un processus d’externalisation d’une vision intérieure.
L’image est traversée, lorsqu’en diptyques de photographies ou en vidéo, elle fait sans cesse intervenir des articulations, des liens de l’un à l’autre, entre les photographies de peacelines (murs séparant quartiers catholiques et protestants) prises à Belfast et le contexte divisé du territoire coréen, entre frontières et mouvement fluide de l’eau.
Ces montages, en adjoignant à l’image d’une peaceline celle d’un flux, d’une vague, font émerger des ponts, des liens entre les deux clichés (analogies formelles de lumière, de composition…) mais font tout autant rejaillir ce qui les oppose et sépare : leurs sens inconciliables, l’impossible érosion de l’une par l’autre. La rupture entre la forme et le sens que chaque diptyque instaure, fait ainsi résonance avec l’appréhension d’un pays étranger – lorsque ce que l’on voit est encore détaché de toute connaissance – , avec toutes ces frontières intérieures qui se dressent lorsque la frontière géographique a été passée.
Depuis une perspective plus lointaine, celle d’une mondialisation de la scène artistique, la pensée sur l’image et sur l’œuvre – celle de la critique d’art – se constitue dans un franchissement entre cultures et espaces. Dans la vidéo aiguilles de temps, proposant une forme documentaire tournée vers la critique d’art, les œuvres de 8 artistes coréens issus de la diaspora apparaissent à la charnière entre Orient et Occident.
Daphné Le Sergent