« Pèleriner » est à la mode depuis quelques années. Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle n’est plus un itinéraire désuet. Au contraire, il ravit la jeune classe bourgeoise d’aujourd’hui, parce qu’il est entré dans la catégorie dite « mythique », à l’instar du Rajasthan ou de la Patrouille des glaciers.
Ce flux migratoire a retenu l’attention de la photographe Nora Rupp. Partie de sa porte à Lausanne, elle a marché à la rencontre de pèlerins, durant l’été 2008, jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. Néanmoins, l’objectif de son projet, Sentier Battu, n’est aucunement de mettre en exergue son voyage ; il s’agit plutôt de présenter une collectivité, celle des pèlerins, dans son milieu, le chemin. Seul, en couple, entre amis, en famille, le pèlerin est protéiforme : son aspect, sa physionomie, son statut social et sa nationalité sont multiples.
Toute dimension religieuse ou mystique que peut revêtir un tel pèlerinage a été écartée. Malgré le sérieux du sujet, la photographe cherche à communiquer une certaine légèreté à travers ses images. Et surtout, de soumettre une représentation du pèlerin qui bouscule nos préjugés. Ainsi, chacun a le loisir de se former ou reformer une image ouverte du pèlerin.
Les marcheurs, à travers ces images, transmettent un message de force et d’assurance. Ils adoptent régulièrement un air de majesté et de dignité. Toutefois, ces attitudes hiératiques, parfois outrées, ne sont pas dénuées d’humour.