Base sous-marine de Bordeaux Boulevard Alfred Daney 33000 Bordeaux France
L’exposition installée dans les salles de la Base-sous-marine de Bordeaux rend hommage au travail de Louis Stettner.
Photographe américain, né en 1922 à Brooklyn, New York, Louis Stettner a effectué une longue carrière dans la photographie. Il débuta dès l’âge de 13 ans et fut très tôt encouragé par Alfred Steiglitz et Paul Strand.
Il a photographié Paris et New York pendant plus de 60 ans, ses milliers d’images témoignent de l’évolution de la population, de la culture et de l’architecture de ces deux villes.
Stettner aime les grandes villes cosmopolites. C’est un photographe de rue, il aime se mêler aux foules ou s’y perdre « je ressens un sentiment très fort au milieu de ces vagues de gens bougeant dans tous les états transitoires de cette vie. Avec mon appareil photo, il me semble être au coeur inconscient de la race humaine où tout ce qui est le plus signifiant peut arriver ».
Dans ses photographies, l’homme et la ville sont intimement liés ; elles sont marquées par le souci d’une approche humaniste. Brassaï disait de lui « Stettner est sans aucun doute un citadin : il trouve son véritable élément dans le capharnaüm des grandes villes, où tout est art, artifice et intelligence, sueur et sécrétion des hommes. »
Son travail est dans la lignée de « l’école humaniste » des Cartier-Bresson, Doisneau, Ronis, et surtout Brassaï qu’il considère comme « le plus grand photographe du monde ». Attentif « au spectacle permanent et gratuit de la vie quotidienne » il a cherché à y capter l'ordinaire.
Ses oeuvres photographiques sont présentes dans plusieurs musées des États-Unis, à Lausanne, à Londres ainsi qu’à Paris. La France où il réside, l’a gratifié de l’Ordre des Arts et Lettres. Ce grand photographe a également exercé dans d’autres formes d’expressions artistiques, puisqu’il est peintre et sculpteur. Une sélection de ses peintures et sculptures est proposée dans le parcours de l’exposition.
New York et Paris sont les principales sources d’inspiration de Louis Stettner.
Pour Stettner, « New York incite l’esprit à s’élever à travers l’adversité. Paris y parvient à travers l’amour ». François Cavanna résume « Stettner aime New York comme une mère, Paris comme une maîtresse ».
L’exposition propose 150 instants pris aux cours d’incessants allers et retours dans ces deux villes.
Stettner découvre Paris après la guerre, il s’y installera dans les années 50. Il arpente les rues de la capitale, il photographie les scènes de la vie parisienne ; c’est un véritable coup de foudre pour Stettner qui va déclencher une « flopée » d’images instantanées, de portraits d’hommes et de femmes ordinaires, d’enfants jouant dans les rues, d’images insolites des quais de la Seine… Son style se rapproche des photographies humanistes. Elles racontent mieux que des mots la vie de tous les jours, elles révèlent l’atmosphère d’une époque, les clichés présentés dans l’exposition sont datés des années 1940 à 1970.
New York, ville implacable. L’architecture le fascine, entassement monstrueux jailli des mains de l’homme, elle écrase l’homme, ne lui laisse pas un instant oublier l’âpreté de la lutte pour la survie. Il photographie sa fumée, ses lourdes vapeurs, ses coins perdus, son animation et ses hommes qui la nourrissent.
Dans son oeuvre l’homme et la ville sont toujours intimement liés ; elle est marquée par le souci d’une approche humaniste des villes qu’il parcourt.
La ville, les gens pour Stettner, c’est un tout : « Je suis profondément touché par la beauté lyrique de la ville et horrifié par sa cruauté et ses souffrances. »
Stettner est aussi un photographe de la réalité et du réalisme, il aime les travailleurs. Il aime ce qui sort de leurs mains. Il est fasciné par les hommes au travail, il est émerveillé par le résultat de leur travail, il les appelle « les producteurs de notre monde »…Il fit de nombreux portraits de ces hommes, clichés pris sur les chantiers, à l’usine, à la mine, aux labours, ils furent réalisés aux États-Unis, en URSS, en France, sans regarder la légende, il est bien difficile de dire de quel pays sont ces ouvriers.
Ce qui saute tout de suite à l’oeil chez Stettner, c’est l’importance de l’espace. Par le jeu de contraste des ombres et des lumières, l’espace est ici non pas découpé, fragmenté mais tout au contraire amplifié, exalté. Les fuyantes filent et prolongent l’espace au-delà des bords de l’image jusqu’à l’infini. L’espace est aussi le metteur en scène dans les scènes plus intimistes.
Ses photographies sont célèbres ; qui n’a pas vu l’image de cet homme assis sur un banc prenant le soleil, face à Manhattan ? Reproduite en affiche ou en carte postale, elle est une véritable icône de la photographie américaine des années 50.
Ses photos n’ont cessé de parcourir le monde. Les oeuvres photographiques de Stettner sont exposées dans plusieurs musées des Etats-Unis, à Lausanne, à Londres ainsi qu’à Paris.
L’exposition permet d’approcher toutes les composantes de Stettner, de sa première photo en noir et blanc prise à Paris en 1946 à sa dernière de New York en couleur, mais aussi son travail plastique. Ses peintures et sculptures ont tendance à être abstraites et contrastent fortement avec le réalisme de son travail photographique.