Galerie Pascal Polar 108 ch de charleroi 1060 Bruxelles Belgique
Anton Solomoukha est né à Kiev, capitale de lʼex-République Soviétique dʼUkraine où il étudie à l'école des Beaux-Arts.
Sa période de formation est marquée par la dualité entre lʼenseignement quʼil reçoit, destiné à faire des peintres soviétiques les serviteurs zélés du réalisme socialiste ; et sa participation au collectif interdisciplinaire rassemblant ce qui compte de la scène artistique de Kiev (Sergueï Paradjanov, Tetiana Yablonska, Misha Frankel…) dans une distance critique à lʼégard de lʼasservissement des images à la diffusion des mots dʼordre. Il apprend à retourner contre lui-même lʼidéalisme académique de lʼart officiel. Pour déjouer le lien image / mot dʼordre, il sature ses mises en scène dʼune inquiétante étrangeté qui court-circuite la subordination de lʼimage à sa référence discursive.
A la fin des années septante, Anton Solomoukha saisit une occasion unique de séjourner un mois en France, à Paris. Il ne retournera pas en URSS et réside à Paris depuis.
Plus retorse et plus efficace que la propagande socialiste, la rhétorique publicitaire de la séduction qui domine la construction des images dans les sociétés libérales lui apparaît comme le mur à percer pour traverser les apparences. Il lui oppose lʼarme la plus explosive ramassée sur son chemin : lʼapathie devant la chair et le contre-investissement quʼelle autorise sur le jeu scénique et lʼinvention à laquelle il fait appel. Pour saluer les couleurs du 21ème siècle, Anton délaisse la peinture et le dessin et soumet la présentation de lʼobjet du désir à la logique de lʼinstallation et à son esthétique du simulacre. Cette démarche le conduit, au tournant du 21ème siècle, au mode dʼexpression simplifié offert par la photographie numérique. Inversement, elle ouvre un champ à la complexité de ses nouvelles images. Pour leur fournir une charge iconoclaste propre à déjouer le cliché pornographique, il se ressaisit de lʼart de lʼAllégorie Ironique servie par la mise en scène de grand style propre à lʼArt Classique : lumière, composition, position de corps, geste de main, de regard. Splendeur des gestes magnifiés par lʼunivocité de la mise en lumière. Quelques meubles banals se métamorphosent en décors sobres mais précis de la mise en scène. Une recherche évidente de la pureté, une vision presque mystique du corps de la femme, le corps de la femme est pour moi le langages de la vie dit Anton Solomoukha.